Clichy-sous-Bois : zone de non-droits ou zone d’injustices ?

Une pensée paresseuse – et le plus souvent réactionnaire – oppose de manière radicale « idéalisme » et « réalisme ». La vie et l’engagement d’Antoine Germa, qui vient de disparaître à tout juste cinquante ans, illustrent à son plus haut point l’inanité de cette pensée. Toute son oeuvre témoigne en effet d’un attachement farouche à des idéaux et des principes (pour le dire vite : ceux de la gauche, dans le meilleur sens du terme) qui, loin de justifier quelque « pieux mensonges », « détournement de regard » et autres « arrangements avec le vrai », a au contraire nourri, tout en s’en nourrissant à son tour, une attention tout aussi farouche portée au réel – quelle que fut sa dureté, sa complexité, ou l’inconfort qu’il impose à la pensée. Que le nom d’historien vienne d’un mot grec qui signifie « enquête », toute la vie d’Antoine Germa, à l’éducation nationale, puis dans l’édition, puis dans le cinéma, vient nous le rappeler. Le souci du vrai, loin de signifier une froide raison apolitique et « détachée », est plutôt ce qui, en rendant plus visibles, audibles, tangibles, bref sensibles, des oppressions et des injustices que le récit dominant relègue dans l’ombre, le flou ou l’approximation, et en rendant perceptibles aussi les silenciations et les falsifications, rend possible du même coup l’indignation, la révolte, bref l’engagement contre ce « réel » trop injuste et ces récits trop menteurs. C’est ce travail qu’a constamment et opiniâtrement mené Antoine Germa, comme historien, auteur ou coordonnateur de livres (notamment l’indispensable Les Juifs dans l’Histoire : De la naissance du judaïsme au monde contemporain, mais aussi un remarquable numéro de la Revue d’histoire de la Shoah consacré aux « écrans de la Shoah »), comme co-auteur de films (notamment les poignants Vie et destin du Livre noir et Moissons sanglantes. 1933, la famine…

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Auteur: Antoine Germa