Climat : « Croire que c'est l'individu qui doit porter la responsabilité morale de l'effort est une illusion »

Le timing aurait pu être idéal : c’est ce lundi 4 avril, à six jours du premier tour de l’élection présidentielle, que le Giec publie l’ultime volet de son dernier rapport, nous rappelant ainsi l’ampleur des défis posés par le changement climatique. Seulement voilà, c’est peu dire que le sujet n’est pas à l’agenda de cette campagne, comme l’ont plusieurs fois souligné les ONG écologistes (la coalition de l’Affaire du Siècle estime ainsi à 5 % le temps de débat consacré aux enjeux climatiques, ndlr). En février dernier, 1400 scientifiques interpellaient dans une tribune les responsables politiques, les appelant à « s’emparer de ces sujets décisifs pour notre avenir ». Entretien avec l’une des signataires, par ailleurs membre du Haut Conseil pour le Climat : la géographe Magali Reghezza-Zitt.

Basta! : Le dernier volet du 6e rapport du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) est sorti hier, lundi 4 avril. Que faut-il attendre de ce travail ?

Magali Reghezza-Zitt est géographe, spécialiste des questions de prévention et d’adaptation aux risques. Codirectrice du Centre de formation sur l’environnement et la société de l’ENS, elle est depuis 2019 l’une des treize membres du Haut Conseil pour le climat.

Magali Reghezza-Zitt : La première vertu de ce rapport, c’est de poser clairement des certitudes sur la réalité de la crise climatique actuelle. Celle, par exemple, de l’origine humaine du changement : dans le premier volet du rapport, le Giec conclut que le climat varie aujourd’hui dans des amplitudes qui ne sont pas imputables à des causes naturelles. Les effets du changement climatique sont généralisés et se produisent à un rythme qui n’a jamais été atteint dans l’histoire de l’humanité. On le constate à des indicateurs tels que la remontée du niveau marin, ou la température du sol qui connaît des augmentations très rapides sur les quatre dernière décennies – on sait que depuis au moins 100 000 ans, la Terre n’avait jamais été aussi chaude. Le climat a déjà changé – +1,1°C depuis le début de l’ère industrielle – et cela va produire des conséquences importantes, qui étaient l’objet du travail du groupe 2 (qui produit le deuxième volet, ndlr).

En l’occurrence, au-dessus de 1,5°C de réchauffement, la science peut désormais démontrer qu’une partie des écosystèmes, comme les coraux, seront poussés aux limites de leur capacité d’adaptation. L’alerte vaut aussi pour les…

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Auteur: Barnabé Binctin