Au fur et à mesure que la transition écologique se voit critiquée et détricotée, une petite musique monte en puissance et en volume : celle de l’adaptation. Témoin de cette tendance, le plan national d’adaptation au changement climatique que le gouvernement va rendre public ce 25 octobre anticipe un réchauffement de 3°C à l’échelle mondiale d’ici à 2100 [ce qui signifie +4°C en France]. Soit bien au-delà des 1,5°C proposés par l’Accord de Paris.
Les politiques d’adaptation ébauchées en France et ailleurs nous donnent ainsi l’illusion que nous pourrons nous adapter à de tels bouleversements. Mais elles ignorent volontairement certains aspects du changement climatique qui sont pourtant largement documentés, et qui pourraient considérablement compliquer la donne.
Pas un mot sur les points de bascule
Aurélien Boutaud
Une première limite tient au fait que les modélisations aujourd’hui utilisées pour élaborer les trajectoires nationales ont beaucoup de mal à intégrer les risques liés aux points de bascule climatiques. Autrement dit, faute de consensus sur le sujet, nous faisons comme si le climat allait évoluer de manière relativement linéaire.
Or, une multitude de travaux ont montré au cours des dernières années que le régime climatique de l’Holocène était doté de mécanismes de rétroactions stabilisatrices qui, à l’instar d’un élastique, lui permettent dans un premier temps d’absorber les perturbations qu’il subit. Malheureusement, à partir d’un certain point, ce sont en général des rétroactions déstabilisatrices qui entrent en scène : les océans et les forêts émettent davantage de CO2 qu’ils n’en stockent, le pergélisol relargue le méthane qu’il contient dans l’atmosphère, etc. Le risque est alors que « l’élastique casse ». Dans ce cas, le réchauffement climatique s’autoalimenterait et pourrait provoquer une brutale bascule climatique.
Le sujet fait…
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Auteur: Aurélien Boutaud