Climat : esquisse d'une France à +4 °C

On l’attend dans le courant du printemps. Le ministère de la Transition écologique a annoncé en février qu’il rendrait prochainement publique sa stratégie d’adaptation du pays, pour faire face à un réchauffement de 4 °C. Les détails manquent encore, mais cette réponse à une « trajectoire » jugée « pessimiste » par le ministre viendra compléter son pendant « optimiste » à seulement 2 °C. À ces deux qualificatifs, le directeur adjoint scientifique à Météo France Jean-Michel Soubeyroux en préférerait plutôt un troisième : réaliste. « À 4 °C, nous ne sommes pas dans un film catastrophe scénarisé par des scientifiques farfelus. C’est le scénario où nous amènent les politiques mondiales actuelles. »

Pour cerner ce que cela implique, il faut aller puiser dans les projections climatiques de Météo France. En 2020, un ensemble de projections connu sous le nom de jeu Drias-2020 a calculé les niveaux de réchauffement probable de la France métropolitaine au XXIᵉ siècle par rapport à la période 1976-2005. Il est important de noter que cette période de référence n’est pas celle du Giec, qui se réfère au demi-siècle 1850-1900 considéré comme l’ère préindustrielle. Cela rend les comparaisons délicates.

D’après le jeu Drias-2020, la moyenne des 4 °C serait atteinte durant la seconde moitié du XXIᵉ siècle dans un scénario de fortes émissions. Sans surprise, dans cette France-là, le réchauffement sera nettement plus sensible l’été. Le nombre de jours de vagues de chaleur ou de canicules pourrait être multiplié par 5 à 10 ; ces phénomènes extrêmes pourraient s’étaler sur plus d’un mois, démarrer en mai pour ne finir qu’en septembre. Le nombre de nuits tropicales dans le nord de la France, où la température ne descend pas en dessous de 20 °C, pourrait atteindre 30 à 50 jours par an. « L’été 2022 a marqué les esprits, rappelle le climatologue. Mais il correspond à une hausse moyenne de 2,9 °C par rapport à 1850-1900. On est encore loin du compte. »

Hécatombe chez les plus de 75 ans ?

Comment vivra-t-on dans cette France… et d’abord comment y mourra-t-on ? La surmortalité liée aux canicules étant d’ores et déjà avérée et mesurée, faut-il craindre des hécatombes chez les plus de 75 ans ? « Cela dépendra de la façon dont nous nous serons adaptés ou pas », répond Jean-Michel Soubeyroux. Après tout, lors de la canicule de 2003, températures et humidité à Paris équivalaient à celles de Séville lors d’un été moyen, alors que dans la cité andalouse, les conséquences sanitaires n’y ont pas été aussi graves. La raison ? Un bâti adapté aux fortes températures, et une population habituée.

Autre…

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Auteur: Reporterre