Climat : planter des millions d’arbres pour lutter contre le réchauffement… mais pas n’importe comment

Compte tenu de l’accentuation des dérèglements climatiques, il est indispensable de restaurer les espaces forestiers et de veiller à la pérennité des nouvelles plantations. Le Tree Diversity Network, un réseau international de recherche, s’y emploie.

Si l’intérêt des responsables politiques pour les cérémonies de plantation d’arbres ne date pas d’hier, les projets de reboisement raisonnés revêtent aujourd’hui une importance grandissante, comme le montre la multitude d’initiatives internationales visant à décupler la couverture forestière mondiale en réhabilitant des millions d’hectares de terres dégradées et déboisées.

Lancé en 2017, le plan stratégique des Nations unies pour les forêts est sans aucun doute l’une des initiatives les plus emblématiques en ce sens, puisqu’elle vise à accroître la couverture forestière mondiale de 3 % d’ici à 2030 ; cela équivaut à 120 millions d’hectares, soit une superficie plus de deux fois supérieure à celle de la France.

Mobilisant plus de 60 pays, le Défi de Bonn a quant à lui pour objectif de restaurer le double de la surface visée par le plan de l’ONU, soit 350 millions d’hectares, sur la même période.

Pour les écologistes forestiers, ces efforts indispensables soulèvent néanmoins de grandes interrogations. Comment faire en sorte que les forêts restaurées assurent toutes les fonctions que nous attendons d’elles ? Que faire pour les rendre résilientes afin qu’elles continuent de pleinement jouer leur rôle à l’avenir, tout particulièrement dans le contexte des dérèglements climatiques à l’œuvre ? Dans quelle mesure la restauration des zones forestières peut-elle contribuer à résoudre d’autres problèmes majeurs à l’échelle mondiale, tels que la lutte contre l’appauvrissement de la biodiversité et la dégradation de l’environnement ?

Choisir les zones propices au reboisement

Pour passer des promesses des responsables politiques à une restauration efficace des forêts, assurée par les acteurs de terrain, il est nécessaire de s’appuyer sur la science. Le principal défi consiste à recenser les zones de la planète les plus adaptées au reboisement, en ayant recours à une planification intégrée du paysage qui tienne notamment compte des considérations suivantes :

  • répondre aux besoins croissants en matière de production alimentaire ;

  • éviter de cibler les espaces riches en biodiversité tels que les pâtures exploitées de manière intensive, qu’il convient de ne pas convertir en zones boisées, même si elles se prêtent a priori aux plantations sylvicoles ;

  • tenir compte des atouts économiques et culturels qu’offrent les autres modes d’utilisation des sols.

Des chercheurs s’emploient à établir des cartes détaillées visant à illustrer ce potentiel de restauration à l’échelle mondiale en dehors des zones forestières, agricoles et urbaines existantes. Malgré tout, la question de savoir quelle proportion de ces terres devrait être transformée en forêts suscite de nombreux débats.

Bien sélectionner les essences

Une fois définies les zones de reboisement appropriées, le défi suivant consiste à déterminer la nature des plantations, laquelle s’avère décisive au regard des efforts déployés. Les forêts couvrent aujourd’hui environ 30 % des terres émergées de la planète, et selon l’Évaluation des ressources forestières mondiales menée en 2020 par la FAO (l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), les forêts plantées représentent d’ores et déjà 290 millions d’hectares, soit environ 7 % de la superficie forestière mondiale, et fournissent près de 50 % des volumes de bois récoltés.

Les experts forestiers s’intéressent tout particulièrement aux essences à planter, sachant qu’elles détermineront la nature des parcelles reboisées pour les décennies à venir. Il convient donc de veiller à ce qu’elles soient bien adaptées, en présentant par exemple un fort potentiel de croissance, de bonnes capacités en matière de séquestration du carbone et une forte contribution à la biodiversité.

Elles doivent par ailleurs être en mesure de faire face aux défis environnementaux croissants du XXIe siècle, et tout particulièrement aux dérèglements climatiques, en résistant à des périodes de sécheresse sans précédent, telles que celles qui ont…

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Auteur: Lander Baeten, Associate professor conservation ecology, Ghent University