Climat : quand les Alpes s'effondrent

Un bruit sourd, tel un infini grondement de tonnerre, déchire le silence de la montagne. Une pluie de cailloux dévale un couloir rocheux. Les plus petits roulent à toute vitesse tandis que les gros rebondissent et s’éclatent en mille morceaux avant de s’échouer quelques centaines de mètres plus bas dans le pierrier. Accrochés aux parois de la Tour Termier, qui surplombe le col du Galibier dans les Alpes, quelques grimpeurs contemplent la scène, ébahis.

Ces éboulements vont se répéter tout au long de la journée, ici comme ailleurs dans tout le massif alpin. La montagne s’effondre. Ce phénomène n’est pas nouveau et s’accélère à mesure que les températures se réchauffent deux fois plus vite en altitude que dans la plaine. « En 60 ans, l’Iso est remonté de 300 mètres dans le parc des Écrins », explique le lieutenant Jérôme Maltete du peloton de gendarmerie de haute montagne de Briançon (PGHM).

Vue du glacier de la Meje, à l’été 2022. © Laury-Anne Cholez / Reporterre

La météo caniculaire des dernières semaines a-t-elle engendré plus d’accidents ? Le PGHM de Briançon compte seulement une quinzaine de secours supplémentaires par rapport à l’an passé. Au syndicat des guides en revanche, on observe un nombre plus élevé d’accidents liés à déstabilisation rocheuse. « Même les itinéraires faciles sont touchés. Car dans les pentes raides, les blocs qui sont descellés tombent par gravité. Lorsque c’est moins raide, ils restent en équilibre », raconte Dorian Labaeye, président du syndicat national des guides de haute montagne.

Il fait chaud, beaucoup trop chaud pour ces sommets habituellement recouverts de neige presque toute l’année. Le fin manteau blanc de l’hiver a fondu depuis longtemps et les rares pluies du printemps ont été insuffisantes. Résultat : la terre est sèche, se craquelle et s’effrite.

Des ascensions du Mont-Blanc déprogrammées

Face à cette situation inédite, les guides ont décidé de ne plus vendre d’ascension du Mont Blanc par le refuge du Goûter (la voie la plus facile), ni le Mont Cervin par l’arête du Lion. Des célèbres sommets particulièrement demandés. « Ce n’est pas la première fois qu’on arrête de programmer certaines courses, mais cette année c’est particulièrement tôt », explique Dorian Labaeye. « Nous sommes face à une situation inédite par sa précocité. Dès le début du mois de juillet, nous avons atteint des niveaux de sécheresse comme si nous étions en fin d’été. On peut imaginer que…

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Auteur: Laury-Anne Cholez Reporterre