Colombie : Daniel Mendoza Leal avocat dissident réfugié en France — Samuel CLAUZIER

De la veille au lendemain, un entretien accordé suite à un improbable concours de circonstances. L’opportunité de cet échange s’est présentée d’elle-même, durant une rencontre avec la communauté franco-colombienne de Montpellier. « Daniel est dans le coin, il serait disponible pour une interview ». Une brève recherche sur ce personnage inconnu dans l’Hexagone, symbole de la résistance en Colombie, s’impose. Daniel Mendoza Leal, avocat et journaliste exilé en France, quelques papiers dans Le Parisien, des centaines de milliers d’abonnés sur Twitter… Et la série-documentaire « Matarife » qui révèle la responsabilité criminelle de l’ancien président Alvaro Uribe Velez dans la guerre souterraine qui ensanglante la Colombie depuis trois décennies. Des révélations qui semblaient presque annoncer la mobilisation populaire qui se déroule actuellement de l’autre côté de l’Atlantique.

C’est par caméras interposées qu’on se rencontre. Pas tellement à cause du Covid, plus pour une question de sécurité. Daniel apparait, seul dans une pièce. Quelque part en France, impossible d’en savoir plus. Peut-être trop précautionneux, peut-être pas. Son parcours ? Il préfère commencer par la fin  : ’ « J’ai fui mon pays car j’étais recherché par le groupe paramilitaire des Aigles Noirs, et le Bureau de Envigado, un cartel de tueurs à gages : ma vie était en danger ». Difficile, depuis la France, de s’imaginer quels sont les risques encourus pour tout engagement politique dans l’opposition en Colombie, même minime. Et celui de Daniel Mendoza n’a rien de minime. Dans « Matarife » on le voit tisser des fils qui s’éloignent, se croisent et se rejoignent. On voyage de la période Escobar au début des années 2000. Toujours avec un même visage : celui d’Alvaro Uribe, point central d’un vaste réseau criminel impliquant groupes paramilitaires, narcotrafiquants, élites financières et personnel politique. Une heure et demie d’enquête documentée, accablante, sans concession. Une véritable croisade contre une corruption qui ruisselle des plus hauts sommets de l’État et gangrène la société dans son ensemble.

Pourtant, rien ne prédestinait ce jeune avocat issu d’un milieu social aisé à un tel combat. Quand on lui pose la question, il évoque un cheminement long, fait de remises en cause et de basculements. Ses ambitions de jeunesse ? « Gagner beaucoup d’argent et obtenir une position privilégiée dans…

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Auteur: Samuel CLAUZIER Le grand soir