Colombie : Le procès très politique des jeunes de la première ligne

Le 28 avril 2021, en réaction à une réforme fiscale du gouvernement d’ Iván Duque, la Colombie se soulève. La répression est immédiate et sanglante. Derrière les barricades, ce sont les jeunes des quartiers pauvres qui défendent le mouvement, on les appelle la « première ligne » (voir notre article : Chronique de Cali, capitale de la résistance..). Ce sont eux aussi qui seront par la suite poursuivis pour terrorisme puis association de malfaiteurs. Alors que le pays vient d’élire Gustavo Petro, son premier « président de gauche », la répression judiciaire, elle, persiste.

Il était entre quatre et cinq heures du matin, le 15 juin dernier, cinq jours avant le deuxième tour des présidentielles, quand une quarantaine de jeunes militants ont été arrêtés à leur domicile dans les villes de Cali, Bogotá, Medellín et Bucaramanga, pour des faits ayant eu lieu l’année dernière dans le contexte du paro nacional (grève nationale). Tous étaient en « première ligne » dans le mouvement social pour protéger les manifestants de l’agression des forces de l’ordre et des civils armés. Les déclarations du président nouvellement élu Gustavo Petro demandant au Procureur Général de la Nation de « libérer notre jeunesse » ou de la vice-présidente Francia Marquez souhaitant la « révision des procès » n’y changeront rien. Les procès qui ont démarré ont été livrés au calendrier de la procédure pénale.

En apprenant la victoire de la gauche pour la première fois de son histoire, la Colombie semblait pourtant avoir franchi un mur temporel le 19 juin dernier, quelques minutes avant dix-sept heures. Luis Carlos appelé Playita dans la résistance du nom de son quartier d’origine, ancien porte-parole des premières lignes du quartier de Meléndez dans l’ouest de Cali, l’a ressenti dans sa chaire. Cela faisait plusieurs jours que la police le pourchassait et il sait qu’il serait toujours en train de se demander où passer la nuit si « par malheur », l’autre candidat l’avait emporté. « J’avais peur qu’ils me montent un faux positif mais désormais, je me sens tranquille », confesse-t-il trois jours après les résultats. Il a noté un « changement immédiat », invoquant aussi les milliers de personnes réunies dès dix-sept heures dans le lieu symbolique de la Loma de la Cruz, exprimant leur joie toute la nuit durant, pacifiquement, en l’absence de troubles et de présence policière. La Colombie n’était pas coutumière du fait.

Soirée de célébration de la…

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Auteur: lundimatin