Comme un Palestinien

« Génocide. Ne pouvez-vous toujours pas le voir ? »

(18 décembre 2023)

Le 5 octobre 2023, à Ljubljana, en Slovénie, Mazen Kerbaj réalisait une fresque « en souvenir des enfants gazaouis morts depuis 2008 ». « Je n’avais aucun doute sur le fait que cela tiendrait aussi lieu de mémorial pour les enfants qui seraient tués par des bombes dans le futur. Mais je ne savais pas que ce futur arriverait aussi vite et que ce serait aussi sanglant, cette fois », écrivait il en partageant des photos de l’œuvre sur Instagram quelques jours plus tard.

Dès lors, comme en 2006 quand Israël a bombardé Beyrouth, et à l’hiver 2008-2009, pendant une précédente opération à Gaza, l’artiste libanais s’est mis à dessiner la guerre et la mort, jour après jour. En 2015, Kerbaj a emménagé à Berlin avec sa famille, et c’est depuis cet exil, peu propice au soutien des Palestiniens, qu’il a suivi l’offensive. La distance ajoute ainsi un sentiment de déréalisation qu’il exprime dans nombre des dessins de cette série.

L’ampleur du massacre actuel semble imposer une nouvelle grammaire de la représentation. Pas de strip, de peinture, aucune des élaborations graphiques souvent tragiquement drôles dont il est coutumier. Ici, le texte est prépondérant, et les images épurées au minimum de signes, souvent très graphiques, presque toutes au même format et toujours en noir et blanc. Des affiches faites de symboles et d’icônes, à placarder sur les murs électroniques.

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La fresque, à Ljubljana.

En 2024, Mazen Kerbaj avait décidé de prendre une année sabbatique, lui qui, entre le dessin, la musique, et même un film récemment, semble ne jamais s’arrêter. La guerre a mis entre parenthèses ce projet. Après le dernier dessin de la série, Comme un Palestinien, qui « sonne a posteriori comme un dessin parfait pour terminer ce cycle », « je me retrouve complètement…

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Auteur: Guillaume Barou