Comment Amazon détruit l'emploi et modèle les territoires

Le développement exponentiel d’Amazon repose sur des procédés d’une redoutable efficacité : achats simplifiés en mémorisant les coordonnées bancaires, propositions de produits similaires (algorithmes), mise à disposition d’un catalogue fourni, d’un moteur de recherche puissant et de services de livraisons rapides via des plateformes logistiques qui engendrent satisfaction et confiance des client·es.

Mais cette croissance s’appuie aussi sur des pratiques frauduleuses ou contestables qui minorent ses coûts : évasion fiscale, fraude à la TVA, exploitation des salarié·es, dumping grâce aux bénéfices liés à Amazon Web Services, concurrence déloyale…

Quand Amazon obtient la première place dans un pays, l’écart ne fait que se creuser par des effets cumulatifs. Plus la place de marché est attractive, plus son offre s’étoffe et plus elle est attractive. Le processus tend alors vers un monopole de fait sur le e-commerce. Amazon contrôle ainsi la moitié du e-commerce aux États-Unis. « Quand, en 2005, Amazon avait lancé sa formule Prime, elle possédait moins d’une dizaine d’entrepôts disséminés dans tout le pays. En 2017, leur nombre s’élevait à plus de cent au niveau national » écrit Alec MacGillis.

En France, Amazon domine également le secteur en 2020, avec 53,7% des ventes, suivi par le site de la Fnac (27,0%) et celui de Cdiscount (18,2%). La filiale française d’Amazon a été ouverte en 2000, six ans après la création de l’entreprise aux États-Unis.

Depuis l’ouverture du premier centre de distribution à Saran (Loiret) en 2007 jusqu’au huitième à Augny (Moselle) en 2021, son activité a connu une croissance exponentielle : des dizaines d’agences de livraison, un effectif moyen mensuel total multiplié par trois en cinq ans, de 2 910 en 2014 à 9 883 en 2019, un chiffre d’affaires en progression fulgurante. Amazon distance inexorablement ses concurrentes comme aux États-Unis avec un décalage d’une dizaine d’années.

Amazon détruit les emplois

Pour justifier le développement d’Amazon, l’argument des créations d’emploi est fréquemment invoqué par ses dirigeants. Pourtant, une étude récente sur la situation dans plusieurs pays européens, citée par Les Amis de la Terre, prouve le contraire : « Pour le commerce non-alimentaire au sens large, si l’on établit le solde des créations/destructions pour les commerces de détail et de gros, la France a perdu plus de 80.000 emplois entre 2009 et 2018 » du fait du développement du e-commerce.

L’étude…

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Auteur: Laurence Boubet