Comment encourager les pères à prendre leur congé paternité ?

Depuis le 1er juillet 2021, le congé de paternité et d’accueil de l’enfant a été allongé, passant de 14 à 28 jours et une période de 7 jours immédiatement après la naissance de l’enfant est devenue obligatoire. Auparavant, la loi prévoyait 3 jours de congé de naissance financés par l’employeur auxquels s’ajoutaient 11 jours indemnisés par la Sécurité sociale.

Alors que la dernière enquête nationale de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) relevait un taux de recours au congé de paternité de 70 % avant la nouvelle loi, notre récente étude fait état d’un taux plus important depuis son allongement en 2021. Le taux de recours s’élève ainsi à 94 % parmi les pères interrogés. Toutefois, des disparités subsistent selon les caractéristiques des individus et force est de constater que, malgré son caractère partiellement obligatoire, certains pères n’y recourent pas.

Les bénéfices de ce congé sont pourtant nombreux selon plusieurs études ; il permet, entre autres, une meilleure égalité entre les femmes et les hommes et une amélioration de la santé et du bien-être familial.

Comment, dès lors, améliorer le recours au congé de paternité et d’accueil de l’enfant ? Les résultats de notre étude permettent de distinguer plusieurs mesures pouvant être mises en œuvre à l’échelle de la société et de l’entreprise.

Informer et sécuriser

Pour expliquer le non-recours au congé paternité, plusieurs raisons sont avancées. Tout d’abord, la méconnaissance par les pères de leurs droits. Ainsi, 34,5 % des pères n’ayant pas pris leur congé de paternité indiquent ne pas connaître ce dispositif ou ne pas y avoir eu droit, alors même que leur enfant est né après la création du congé de paternité en France, en 2002. Les répondants à notre enquête sont en attente d’une meilleure communication de la part de leur entreprise sur ce dispositif et sur les droits des deux parents.

Certains pères n’ont pas posé ce congé à cause de la précarité ou la charge de leur emploi. 7 % de nos répondants indiquent qu’en raison d’une situation d’emploi précaire, ils craignaient que la prise du congé paternité impacte négativement leur situation. 28 % d’entre eux déclarent ne pas avoir pu y recourir à cause de leur charge de travail. Il semble dès lors crucial de travailler sur la sécurisation de l’emploi et une meilleure organisation du travail des salariés.

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De nombreux répondants souhaitent ainsi que l’absence du collaborateur soit mieux anticipée. Cela permet à la fois à l’entreprise de s’organiser pour pallier l’absence du père et à celui-ci de quitter son poste sereinement. Pour ce faire, un père propose de prévoir « un binôme de travail qui peut récupérer ses responsabilités le temps du congé » ou d’« anticiper cette période de manière à permettre soit un remplacement du poste, soit une redistribution de l’activité ».

L’anticipation via une déclaration du congé paternité bien en amont apparaît comme une solution : une répondante suggère « d’encourager les futurs parents à prévenir dès le début de la grossesse en créant un cadre bienveillant les mettant à l’aise pour ce faire ».

Mieux indemniser

D’autre part, 16 % des pères n’ont pas pris leur congé de paternité par crainte d’une perte de revenu. Ce résultat apparaît cohérent avec un autre constat de l’étude : plus les pères sont âgés et plus leurs revenus sont importants (ces deux variables sont corrélées dans notre étude) et moins ils ont recours au congé de paternité. De 91,8 % pour les 30-39 ans, le taux de recours s’effondre en effet à 61,6 % pour les pères de plus de 50 ans.

En observant le revenu, on remarque que plus on dépasse le plafond mensuel de la Sécurité sociale de l’année en cours (3 428 euros en 2022), plus le taux de recours est bas. Celui-ci est de 92,9 % pour les pères qui gagnent entre 1807 et 2552 euros et de 55,8 % pour les pères qui gagnent plus 5439 euros. Une meilleure indemnisation peut donc encourager les pères à prendre leur congé paternité.

Faire évoluer les mentalités

Pour améliorer le taux de recours à…

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Auteur: Hager Jemel-Fornetty, Associate professor, EDHEC Business School