Comment faire face sereinement aux incertitudes de 2023 ?

« Bonne année, bonne santé ! » Ces deux incantations, presque magiques, accompagnent nos premières interactions en ce début de mois de janvier. Comme une façon de se rassurer, elles visent à faire oublier l’incertitude qui grandit devant une actualité qui a parfois de quoi bouleverser.

Osons l’avouer, nous cherchons très souvent à éliminer l’aléa dans nos vies alors que l’incertitude s’impose pourtant comme la norme. Les exemples ne manquent pas pour nous en convaincre, que l’on pense à la situation économique relative aux variations du prix de l’énergie, aux ruptures dans les chaînes de production, à la santé, à l’environnement, au politique ou à la géopolitique. Il devient très difficile de se projeter.

Pas tous égaux face à l’incertain

Les conséquences de l’incertitude sont d’ailleurs parfois préoccupantes. Certains s’inquiètent de l’état de santé mentale de bon nombre de nos concitoyens. Santé publique France précise que les indicateurs de la santé mentale (état anxieux ou dépressif) ne sont pas bons et se sont largement dégradés.

Cependant, nous ne sommes pas tous égaux face à l’incertain. Pour simplifier, moins je me sens capable de changer quoi que ce soit à ce qui se passe, plus l’incertitude m’est difficile à supporter. Inversement, plus je sais que je dispose de marges de manœuvre, moins j’en souffrirai. La relation entre anxiété et absence de contrôle est primordiale ici.

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Le référentiel pour gérer les situations vise plus souvent à éliminer l’incertitude qu’à l’apprivoiser. Les entrepreneurs n’échappent pas à la règle. Ce sont aussi des gens ordinaires. Mais alors que nous enseigne l’observation des entrepreneurs à propos du contrôle ?

Les trois postures du contrôle

Tout d’abord que le contrôle n’est rien d’autre que la capacité d’agir dans une situation pour éventuellement la modifier. Les chercheurs américains en gestion Robert Wiltbank, Nicholas Dew, Stuart Read et Saras D. Sarasvathy ont décrit dans un article publié en 2006 des postures distinctes pour envisager le contrôle. On peut les simplifier en 3 postures : la première est celle qui tend à considérer que ce qui se passe ne dépend pas de soi ; la deuxième consiste à croire que tout dépendra de soi et non pas de l’environnement ; la troisième que tout dépend à la fois de l’environnement et de soi.

Analyser ce qui fonde ces trois croyances peut aider n’importe qui à tirer des conclusions utiles pour mieux appréhender l’incertitude dans son quotidien.

Posture 1 : l’environnement-roi

Si rien de ce qui se passe ne dépend de moi, par conséquent, je dois me positionner face à ce qui m’arrive ou ce que je crois qui va m’arriver. C’est l’environnement qui dicte sa loi. Ceci confère un caractère objectif à la situation en niant toute subjectivité. Il s’agit là d’une posture adaptative à des faits ou à une prédiction.

Ici le contrôle se réduit à la capacité à s’adapter à une situation pour en tirer profit ou s’en défaire. Par exemple : je choisis de changer de travail car l’activité de mon entreprise est trop dépendante du coût de l’énergie.

Posture 2 : le visionnaire

Si tout dépend de moi, je suis un visionnaire qui croit qu’il a un pouvoir sur son environnement et qu’avec de la persuasion, il est possible d’embarquer les autres vers le futur que je souhaite.

Cette approche pourrait par exemple caractériser l’action de l’entrepreneur milliardaire Elon Musk, patron de SpaceX, Tesla et désormais Twitter. C’est bien lui qui veut rendre désirable l’idée d’habiter un jour sur la planète Mars. Le contrôle s’exerce principalement sur les moyens de convaincre et de tout mettre en œuvre pour influencer le cours des choses. Rien à ce jour ne permet de dire qu’il soit possible de vivre sur la planète Mars, ni même de s’y rendre en toute sécurité. Le projet naît de la subjectivité de celui qui conduit l’action.

Par exemple : je choisis de changer de travail parce que ce travail ne me convient pas. Le fait d’avoir investi dans un nouveau logement n’y changera rien. Je suis certain de l’impact positif que ce changement aura sur moi et mes proches.

Posture…

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Auteur: Dominique Vian, Enseignant chercheur en cognition entrepreneuriale chez SKEMA Business School, SKEMA Business School