Comment faire pour que les luttes antivalidistes cessent d'être discriminatoires ?

Le mouvement disability justice (« justice pour les personnes handicapées », si on veut traduire littéralement) a émergé aux États-Unis il y a environ 15 ans. Porté notamment par des activistes afro-américaines, asiatiques ou autochtones, il remet au centre des revendications les problématiques des personnes handicapées les plus marginalisées. L’expérience du validisme ne rend en effet pas immune à d’autres formes d’oppressions, qui créent de nouvelles violences spécifiques.

Ces voix sont longtemps restées inaudibles dans un courant de luttes antivalidistes fondé sur des rapports de pouvoirs où les discours des personnes blanches et privilégiées sont plus valorisés.

Harriet de Gouge

Militante antivalidiste.

Les combats pour les droits des personnes handicapées se sont centrés sur des problématiques comme l’accès à l’éducation, à l’emploi et à la vie autonome. Ces combats sont essentiels, mais ils ne justifient pas d’en ignorer d’autres. On peut penser aux violences policières, qui touchent plus largement des personnes racisées et handicapées.

Les politiques de santé publique défaillantes affectent, elles aussi, davantage les personnes handicapées qui, en outre, disposent en moyenne de moins de ressources pour s’en défendre. On sait par exemple que le Covid-19 a eu un impact plus important et plus mortel chez les personnes déjà fragilisées socialement par de multiples oppressions.

« Reconnaître le lien étroit entre l’impérialisme, le patriarcat et le capitalisme, qui sont à l’origine de normes qui déshumanisent les personnes handicapées »

Théorisé par des activistes comme Patti Berne, Mia Mingus et des collectifs comme Sins Invalid, le disability justice mouvement représente une communauté qui veut prendre en compte les difficultés d’une plus large part de la population, en termes d’identité, mais aussi en termes de handicap. En se décentrant des seules questions légales, la disability justice entend aussi parler aux malades chroniques, personnes neuro-atypiques, etc., en reconnaissant les inégalités d’accès à des diagnostics et à des soins de qualité pour tous·tes.

Le respect des besoins d’accessibilité de chacun·e, la nécessité de prendre soin les un·e·s des autres sont des valeurs qui se retrouvent aussi dans les formes de luttes plus respectueuses des personnes. Cette idée se retrouve dans un aspect fondamental de la disability justice culture, à savoir la nécessité de reconnaître le lien étroit entre l’impérialisme, le…

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Auteur: Harriet de Gouge