Comment la France est devenue championne de la souffrance au travail

Le 28 avril dernier, le journal l’Humanité sortait les statistiques d’Eurostat (l’INSEE de l’Union Européenne) sur la mortalité au travail : la France est largement en tête, avec une mortalité deux fois supérieure à la moyenne européenne. L’info n’a été que très peu reprise, et la plupart de nos grands médias, toujours prompts à dénoncer les « retards » de la France vis-à-vis de ses voisins, ne s’y sont pas intéressés. La mort au travail et plus largement la souffrance au travail sont un véritable tabou médiatique : les accidents mortels surviennent en moyenne deux fois par jour. En moyenne, chaque jour, 90 personnes subissent un accident grave qui leur laisse des séquelles à vie. Qui en parle ? Pas grand-monde. Qui se demande comment nous en sommes arrivés là ? Quasiment personne. Et pour cause, se demander pourquoi on meurt et on souffre autant au travail en France, c’est mettre en accusation les trois derniers gouvernements, sarkozyste, socialiste et macroniste, qui ont détricoté le droit à la santé au travail. C’est mettre en évidence la responsabilité du patronat dans ce triste record. Bref, c’est mettre en lumière le fait que la lutte des classes ne se joue pas seulement dans les manifestations de rue et leur répression, mais bien aussi dans la façon dont nos corps sont traités au travail, par la bourgeoisie et ses représentants.

Source Eurostat

La souffrance au travail est très largement sous-estimée

Il y a 4 ans, mon oncle Pierre décédait en se rendant au travail. Son cœur a lâché alors qu’il conduisait. Il avait 53 ans et fait désormais partie de tous ces ouvriers et employés qui sont morts en silence, sans que le lien entre leur décès et leur travail ne soit fait. Qui s’en occupe ? La presse, qui considère les accidents de travail, quand elle en parle, comme des faits divers ? Certainement pas. Le patronat ? Évidemment que non. Mon oncle était conducteur de tramway dans l’agglomération de Bordeaux, après avoir conduit des bus. Il aimait rouler dans la ville au petit matin, discuter avec les jeunes de retour de soirée, mais avec le passage au tramway, son métier était devenu très stressant : comme tous ses collègues, il avait la hantise de l’accident, dans une ville où le tramway coexiste avec les voitures, les piétons et les vélos.

Surtout, ses horaires étaient très décalés : il travaillait parfois très tôt le matin, parfois tard le soir. Il est établi depuis longtemps que le travail de nuit et les horaires décalés augmentent…

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Auteur: Rédaction Frustration Mag