Comment la PAC engraisse milliardaires et agroindustriels

Qui sont les plus gros bénéficiaires de la politique agricole commune, la PAC ? Une famille de milliardaires exilés en Suisse, les géants du lait Sodiaal et Lactalis, un industriel breton du porc ou encore une usine de fabrication d’aliments pour chiens et chats… Grâce à une nouvelle enquête dévoilée mercredi 19 mai, réalisée par la journaliste Caroline Trouillet, la plateforme « Pour une autre PAC » enfonce le clou. Elle avait déjà dénoncé l’agro-industrie comme principale bénéficiaire de la PAC dans un premier rapport.

Alors que les négociations qui établiront les règles de la nouvelle PAC battent leur plein, le collectif d’associations milite pour une autre redistribution des neuf milliards d’euros versés chaque année en France.

Au niveau européen, États, Commission et Parlement finalisent leurs discussions. En France, le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie devrait annoncer lors d’une réunion vendredi 21 mai les premières orientations nationales. « Les mécanismes actuels de la PAC permettent d’attribuer plusieurs millions d’euros de subventions à des acteurs économiques qui n’œuvrent pas pour l’intérêt général, dénonce le paysan Mathieu Courgeau. Il faut une réforme ambitieuse. »

Le président de Pour une autre PAC appuie son propos sur le rapport d’investigation de Caroline Trouillet. L’enquêtrice s’est d’abord intéressée au domaine de Mivoisin, dans le Loiret. Ses 1 700 hectares de grandes cultures lui ont permis de toucher aux environs de 450 000 euros de subventions directes en 2018, presque autant en 2019, indique le rapport. Le domaine appartient aujourd’hui à Stanley Primat, fils de milliardaires français installés en Suisse, où il est également domicilié. L’ensemble des propriétés agricoles de la famille touche près de 900 000 euros d’aides de la PAC, ce alors que « résidents fiscaux en Suisse, les Primat ne contribuent pas au budget de l’Union européenne », souligne l’enquête.

En 2019, une filiale de Lactalis a été condamnée à 100 000 euros d’amende pour pollution de l’Isère.

L’exemple vise à montrer comment les aides indexées sur l’hectare bénéficient à de très grandes exploitations employant peu de main-d’œuvre. Pour une autre PAC propose une solution qui permettrait d’éviter cette concentration des aides sur un petit nombre de grandes exploitations : les plafonner à 100 000 euros par ferme. « La France ne l’a pas mis en place, déplore Mathieu Courgeau. On a pourtant calculé…

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Auteur: Marie Astier (Reporterre) Reporterre