Comment l'agriculture chimique européenne finance la machine de guerre de Poutine

Voilà plus de trois ans que l’addiction du modèle agricole français aux engrais chimiques participe à financer la guerre de Poutine.

Depuis le début de la guerre en Ukraine en 2022, les importations françaises d’engrais russes ont augmenté de 86 %, passant de 402 000 tonnes en 2021 à 750 000 tonnes en 2023. Ces chiffres mentionnés dans un récent rapport des Amis de la Terre sont probablement sous-estimés.

Comment en sommes-nous arrivés là ? Les sanctions sur le gaz russe, matière première essentielle pour les producteurs d’engrais chimiques, ont amené les fabricants européens d’engrais à réduire leur production. Mais la consommation de nos agriculteurs n’a pas diminué pour autant et ils ont poursuivi leurs approvisionnements en… Russie. Si les importations de gaz sont sanctionnées, celles d’engrais azotés ne le sont pas ! Premier consommateur européen d’engrais chimiques, la France figure même dans le peloton de tête des importateurs européens d’engrais russes aux côtés de la Pologne et de l’Allemagne.

Les régions de grandes cultures, comme le nord et l’est de la France ainsi que le Bassin parisien, sont les plus dépendantes des engrais de synthèse. C’est précisément cette dépendance qui explique l’absence d’embargo sur les engrais en provenance de Russie.


Volumes d'engrais importés en France de Russie par année, entre 2020 et 2024, en tonnes de produits finis.

Les importations d’engrais russes sont en hausse depuis 2020.

Graphique extrait du rapport des Amis de la Terre

Le régime de Poutine reste donc un fournisseur incontournable de l’agriculture européenne, avec déjà 2,5 millions de tonnes d’engrais chimiques vendues aux Européens depuis janvier. Ce commerce lui aurait rapporté plus de 2,5 milliards d’euros en 2023 et plus de 1,2 milliard d’euros en 2024.

Booster les rendements à tous prix

Ces consommations faramineuses d’engrais permettent d’augmenter l’apport en azote, qui est déterminant pour fertiliser un écosystème, cultivé ou…

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Auteur: Sophie Chapelle