Comment le béton a recouvert la France

À Créteil, préfecture du Val-de-Marne, tous les citadins se délectent d’un lac et de sa base de loisirs d’une soixantaine d’hectares. Chaque Cristolien – dont l’auteur de ces lignes, qui a vu le jour et grandi dans cette ville de banlieue – rattache un émouvant souvenir à la biodiversité ordinaire qui règne en ces lieux : mélancoliques saules pleureurs penchés sur les eaux calmes, nichées de grèbes et de poules d’eau parmi les roselières, chant d’amour des grenouilles au printemps, etc.

Pourtant, ce havre de verdure n’a rien de naturel. Depuis plus d’un demi-siècle, il camoufle les résidus de l’exploitation d’une sablière, dont les granulats ont pour partie permis l’édification à toute vitesse du Nouveau Créteil, et dissimule aux riverains les nuisances sonores et visuelles de la route nationale voisine.

Comme tant d’autres parcs paysagers, le lac de Créteil a été pleinement intégré à la politique de construction d’infrastructures à marche forcée qu’a lancée l’État français après la Seconde Guerre mondiale. Une histoire environnementale que retrace Nelo Magalhães dans Accumuler du béton, tracer des routes (La fabrique).

« La matière première du Capitalocène n’est pas précieuse, mais ordinaire et sans valeur »

Pour son premier essai, ce jeune post-doctorant à l’Institut de la transition environnementale de Sorbonne Université frappe fort. Loin de se contenter d’égrener les dommages environnementaux des Trente Glorieuses, il appelle l’écologie politique à ne plus se « centre[r] sur une nature sauvage, une optimisation des flux, une révolution ontologique, ou la technosphère, mais sur l’espace physique et sa production ».

De fait, alors que les militants écologistes ont souvent tendance à dénoncer — à raison — les méfaits de l’extractivisme hors d’Europe, peu se soucient de ce que l’auteur appelle « l’extractivisme ordinaire », si banal sous…

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Auteur: Maxime Lerolle