Lira-t-on un jour sur une stèle : « Tué par le réchauffement climatique » ? Dans les œuvres d’anticipation, probablement ; mais dans la réalité ?
Sur les trente dernières années, les catastrophes climatiques n’ont cessé de s’amplifier. Ces désastres environnementaux ont, naturellement, un impact direct sur les économies de tous les pays du monde. Ils ont aussi, et on en a peut-être moins conscience, un effet direct sur le risque de voir éclater des conflits armés.
L’influence du climat sur le risque de conflit
Le dérèglement climatique peut-il à lui seul engendrer une guerre ? La réponse ne faisait aucun doute pour le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-Moon (2007-2016). Interviewé par le Washington Post le 16 juin 2007 à propos de la crise du Darfour, il affirmait ainsi que « le conflit du Darfour a commencé par une crise écologique, générée au moins en partie par le changement climatique. […] Ce n’est pas par accident que la violence au Darfour survient pendant la sécheresse. »
Dire que cette déclaration sur la « culpabilité » du climat fut mal reçue au sein de la communauté des spécialistes des conflits est un euphémisme.
Pourtant, l’hypothèse d’après laquelle le bouleversement climatique contribue significativement à accroître le risque de guerre a été, depuis, souvent corroborée, notamment par une étude de l’université de Stanford intitulée « Climate as a risk factor for armed conflict », publiée le 12 juin 2019.
Les auteurs estiment qu’une augmentation d’environ 2 °C de la température mondiale moyenne par rapport aux niveaux pré-industriels accroîtrait ce risque de 13 %, et de 26 % dans le cas d’un réchauffement de 4 °C.
Pour parvenir à ces chiffres, onze experts du climat et des conflits ont collaboré avec trois coordinateurs qui ont recueilli les données. Le panel de onze experts a regroupé des chercheurs parmi les plus expérimentés et les plus cités sur le sujet dans le domaine des sciences sociales (sciences politiques, économie, géographie et sciences de l’environnement). Leur sélection a été faite sur la base de leurs compétences pour résoudre les désaccords scientifiques sur la question de l’influence du climat, sur les risques de conflit à l’échelle mondiale et dans les régions sujettes aux conflits. Cela a nécessité la prise en compte d’analyses comparatives et transversales, ainsi que des recherches empiriques reproductibles. Des entretiens avec des intervenants expressément choisis ont été utilisés pour documenter le projet.
Les experts ont participé à des entretiens individuels de 6 à 8 heures et à un débat collectif de deux jours. Le rapport final est une synthèse des 950 pages produites lors de ces entretiens.
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Auteur: Shérazade Zaiter, Juriste International, spécialiste en droit international commercial et en développement durable, Université de Limoges