“Dans le pré d’à côté” est la rubrique des invité·es de la Mule. Aujourd’hui, une analyse politique d‘Antoine Leucha, sur la condition du suffrage universel au sein des systèmes de domination de classe en France.
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Macron mène une politique favorable seulement aux 0.1 % les plus riches. Pourtant, c’est le suffrage universel qui l’a désigné. Comment les élites ont-elles détourné le suffrage universel, de 1848 à nos jours? Réponse en 7 points.
En mars 1848, les révolutionnaires républicains, dont une grande partie d’ouvriers à tendance socialiste, mirent fin à la monarchie et proclamèrent le suffrage universel. Ces révolutionnaires en armes permirent ainsi à près de 10 millions de français de voter dès le mois d’avril : ces nouveaux citoyens profitèrent alors de ce droit inédit qui leur était octroyé par le pouvoir socialiste-démocrate pour envoyer à l’Assemblée… une majorité conservatrice : monarchistes légitimistes ou orléanistes, républicains modérés ! Les principales mesures prises par les démocrates socialistes au pouvoir furent alors abolies, excepté le suffrage universel. Les dominants avaient compris qu’ils pourraient s’en accommoder.
Ce n’est pas l’élection d’Emmanuel Macron en 2017 qui les fera se retourner dans leur tombe, le nombre de millionnaires ayant augmenté de plus de 11 % dès la première année de son mandat. La suppression de l’impôt sur les yacht n’est pas une mesure que l’on s’attendrait à voir plébiscitée par la majorité du peuple.
Comment, de 1848 à aujourd’hui, les élites ont-elles détourné le suffrage universel ? Par le terme d’élites, j’entends les individus et groupes sociaux occupant des positions de pouvoir économique, politique et communicationnelle qui les placent au sommet de la hiérarchie sociale. Comment un système basé sur la volonté de la majorité entretient-il la domination d’une minorité ?
Réponse en 7 points, à lire à la suite ou de manière indépendante.
En confisquant la parole publique et les fonctions politiques
Parmi les personnes que l’on voit apparaître et s’exprimer à la télévision, on compte 60 % de cadres supérieurs contre 4 % d’ouvriers1. Cette représentation est en complet décalage avec la réalité sociale puisque les cadres apparaissent sept fois plus souvent qu’ils ne le devraient si le temps d’antenne était réparti en fonction de leur part dans la population. Comment donc défendre leurs intérêts et leur vision du monde dans l’opinion ? Pourtant, si la…
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Auteur: Le pré d’à côté