Comment les coopératives agricoles reproduisent la loi de la jungle néolibérale

Daddy, Gamm Vert, Yop, d’Aucy. Quel est le point commun entre une marque de sucre, une enseigne de jardinerie, une boisson lactée et une boîte de conserve d’haricots verts ? Toutes relèvent de coopératives agricoles.

Bien qu’elles soient peu connues du grand public, chacun d’entre nous a été confronté un jour ou l’autre à des coopératives agricoles. Une marque alimentaire sur trois en est issue, et trois agriculteurs sur quatre y travaillent. Les coopératives agricoles représentent aujourd’hui plus de 2300 entreprises, dont certaines sont de véritables mastodontes. Six d’entre elles se situent dans le top 10 européen : Agrial, InVivo, Sodiaal, Tereos, Terrena et Vivescia. Avec 190 000 salariés – filiales comprises –, et plus de 85 milliards d’euros de chiffre d’affaires, les coopératives agricoles sont une composante majeure de l’agroalimentaire français, représentant 40 % de son chiffre d’affaires.

Aux fondements, « une démarche solidaire pensée comme un contre-pouvoir face à la loi de la jungle libérale »

C’est en 1888, en Charente-Maritime, qu’est née la première coopérative agricole française. Les éleveurs de la commune de Chaillé, déjà confrontés à l’époque à une surproduction de lait, décident de mutualiser leurs forces et leurs moyens. Face à des acheteurs de plus en plus concentrés qui imposent leurs prix, les coopératives se développent d’abord dans le secteur laitier, viticole ensuite, puis céréalier dans les années 1930. Une loi de 1972 définit le rôle des coopératives comme « l’utilisation en commun par les agriculteurs de tous moyens propres à faciliter ou à développer leur activité économique, à améliorer ou à accroître les résultats de cette activité ». « La coopération agricole (…) est au départ une démarche solidaire (…) pensée comme un contre-pouvoir face à la loi de la jungle libérale, souligne le journaliste Gilles Luneau, spécialiste des questions agricoles. « Au-delà de la défense des intérêts économiques, elle affirme l’existence des paysans, elle est une expression de leur pouvoir et une manifestation de leur dignité. »

En pratique, la coopérative agricole consiste en l’association à parts et droits égaux – un homme/une femme, une voix – d’agriculteurs et d’agricultrices au sein d’une entreprise répondant à un ou plusieurs de leurs besoins. Cela peut aller de l’approvisionnement en matériel ou en aliments, à la vente ou la transformation de produits agricoles. Les…

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Auteur: Nolwenn Weiler, Sophie Chapelle