Prisée par les ONG, les colibris et les journalistes aussi bien que par les gouvernements bourgeois et les multinationales fossiles, la religion des écogestes est devenue l’entrée principale dans la cause environnementale. Pourtant, à l’examen, elle s’avère absolument délétère. L’approche sociologique démontre que l’écocitoyenneté morale accroît la violence symbolique qui pèse sur les classes populaires, et les sciences cognitives qu’elle détourne l’individu de l’action systémique aujourd’hui nécessaire. Il est donc temps de se débarrasser de ce paradigme paresseux, véritable Cheval de Troie des néolibéraux pour désagréger l’action collective.
« Faut-il que j’achète une voiture à électricité ou à essence, sachant que les prix et les aides varient ? » Citant un calcul du Point et soucieux de donner un parfum de télé-achat à la matinale de France Culture, la cause du consommateur-qui-a-besoin-de-s-y-retrouver chevillée au corps, Guillaume Erner interroge la présidente de la commission de régulation de l’énergie et ancienne ministre du logement d’Emmanuel Macron, l’inoubliable Emmanuelle Wargon. Dans cet entretien consacré à la transition, le présentateur du service public de l’information – « libéral de conviction », 6 000 euros net par mois en salaire, habitant du très chic quartier du Marais à Paris, détenteur de plusieurs voitures de collection et d’une maison dans la Drôme, mais surtout amoureux « des arbres et les forêts, des chênes et des pins, de l’odeur de l’humus », d’après le portrait confraternel que lui consacre Libération – se renseigne sur ce qu’il doit faire à son niveau pour bien consommer, malgré les « signaux contradictoires » en cours. Et l’ancienne ministre de rassurer son monde sur sa vision de la transition énergétique : « ne pas contraindre ».
Auteur: Clément Sénéchal