Comment les Palestiniens ont-ils instauré le récit de la Nakba en France ?

Ce 15 mai 2023, les Palestiniens commémorent le 75e anniversaire de l’expulsion massive de plus de 700 000 habitants arabes de la Palestine historique par les sionistes. La Nakba, catastrophe en arabe, est devenue depuis 1948 l’événement fondateur de la mémoire et de l’identité collectives palestiniennes à l’époque moderne.

Cette mémoire se fonde sur un récit historique des victimes qui, à ce jour, ne peuvent voir s’appliquer la résolution onusienne 194, adoptée le 11 décembre 1948 et garantissant aux Palestiniens expulsés le droit au retour dans leurs maisons.

Pour la première fois cette année, la Nakba sera célébrée par l’ONU à travers une journée officielle.

La célébration onusienne tient à une évolution de l’appréhension de l’histoire de 1948 dans divers pays. Les historiens et penseurs palestiniens y ont beaucoup contribué. Dispersés dans les pays de l’exil, ils ont créé des solidarités transnationales qui ont permis à leur récit de gagner l’intérêt de la communauté universitaire, des médias et de l’opinion publique.

Aux États-Unis, on pense à l’intellectuel Edward Saïd qui a largement mis en lumière le récit de l’exil palestinien. Mais dans l’Hexagone, qui a joué ce rôle ? Comment le récit de la Nakba s’est peu à peu instauré en France ?

Une guerre des mémoires

Face aux commémorations de la déclaration d’indépendance israélienne, le récit de la Nakba s’inscrit dans ce que l’historien Benjamin Stora nomme la « guerre des mémoires ». Faire entendre ce récit en France n’a pas été chose aisée au cours de l’histoire contemporaine.

Pour les Palestiniens, il s’agissait de corriger une « erreur historique ». Ces derniers affirment avoir été expulsés et dépossédés de leurs maisons, selon un projet sioniste prédéterminé. Souvent nié ou marginalisé, ce récit a été opposé par la version (pro) sioniste de l’histoire. Celle-ci…

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Auteur: Ammar Kandeel, Chercheur postdoctoral en littérature, art et histoire, Fondation Maison des Sciences de l’Homme (FMSH)