La barre des dix millions de vues est atteinte pour la chanson de McFly et Carlito sur les gestes barrières. C’est aussi une opération réussie pour le président qui avait proposé un deal aux deux youtubers très populaires chez les jeunes. Ils seront donc invités à tourner une vidéo à l’Elysée, occasion parfaite pour Macron de se donner un air sympathique à 14 mois de la présidentielle. Au lieu de dénoncer la pauvreté des étudiants et leur détresse psychologique, “on va se taper des barres à l’Elysée en faisant des concours d’anecdotes”.
Nos influenceurs, on le sait, sont des habitués des placements de produit : ces formes de publicité pas toujours explicites où le produit ou la marque sont intégrés à la vie ou l’œuvre du créateur. Mais il y a des placements de produits bien particuliers : des opérations de communication pour l’Etat, ou de promotion pour une mesure gouvernementale précise. On se souvient par exemple qu’à l’été 2019, pour contrer les ratés qui commençaient à remonter de la mise en place du SNU, le gouvernement avait recruté de jeunes influenceurs.
On pourrait considérer que l’État utilise à juste titre tous les canaux possibles pour parler aux administrés. Le problème est de savoir où s’arrête la nécessaire communication publique et où commence la communication politique (« Si la vidéo fait 10 millions de vues, vous venez tourner avec moi« ). Lorsqu’un gouvernement cherche à “vendre” ses mesures, à donner une bonne image de son action, ou lorsqu’hommes et femmes politiques veulent se faire de la pub, ils font bien de la communication politique. Le concours d’anecdotes avec McFly et Carlito n’aura aucune portée de santé publique, et ne sera même pas politique : le seul résultat sera de rendre Macron sympathique auprès d’un public jeune pas vraiment emballé par LREM et boudant un peu les médias traditionnels.
C’est que l’on se rapproche de la présidentielle. Avec la pandémie, il y a de fortes chances que la campagne se déroule principalement en ligne. Covid ou pas, d’ailleurs, les réseaux sociaux prennent une place croissante dans la communication politique.
L’ intêret est double : contourner le CSA et les règles sur le temps de parole qui s’appliquent aux grands médias, et contourner les journalistes professionnels dont le rôle est normalement de faire obstacle à la propagande.
Pour atteindre le public via les réseaux sociaux, on peut bien créer un compte officiel, mais ce n’est pas très efficace. Mieux vaut s’appuyer sur un influenceur…
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Auteur: Le Média