Comment (ne pas) abolir la police ?

Après le meurtre de George Floyd à Minneapolis le 25 mai 2020, la ville, comme le reste du pays d’ailleurs, est secouée par de grandes manifestations et de joyeuses émeutes. Deux semaines plus tard, une partie du conseil municipal de Minneapolis annonce le démantèlement du MPD (Minneapolis Police Department, police de Minneapolis) jugé structurellement raciste et donc irréformable. Cette promesse ne sera jamais tenue, ainsi à mesure que le mouvement perd de la puissance dans la rue, la mairie en profite pour essayer de doucement enterrer le projet. Un referendum local est finalement annoncé pour trancher la question. Il a eu lieu le mois dernier et a vu les défenseurs du MPD l’emporter d’une courte tête. Seulement le résultat contraire aurait-il été réellement un victoire ? Nos amis du collectif CrimethInc. explorent ces questions dans un texte riche d’enseignements.

On parle beaucoup de l’abolition de la police depuis un an et demi. Mais cette formulation recouvre des propositions politiques très différentes. Les années à venir pourraient voir l’élimination progressive des services de police et, à leur place, un ensemble d’autres agences, d’ONG, de psychiatres et d’organisations de surveillance du voisinage qui font respecter le même ordre social sous un autre nom.

L’abolition par le haut ?

En mars 1856, en réponse à l’agitation qui régnait dans l’empire russe, le tsar Alexandre s’est adressé à la noblesse en proclamant : ’Il vaut mieux abolir le servage par le haut que d’attendre qu’il soit aboli par le bas’. À l’époque, peu de Russes pouvaient imaginer l’abolition du servage ; beaucoup pensaient qu’elle mènerait au chaos. En prenant l’initiative d’introduire lui-même des réformes, Alexandre a pu supprimer le servage en laissant intactes les inégalités énormes existantes entre les pauvres et la classe dirigeante. Cela a empêché tout véritable changement social en Russie pendant un demi-siècle.

À Minneapolis, en réponse au meurtre de George Floyd en mai 2020, beaucoup de gens se sont soulevés et ont, littéralement, aboli le Third Precinct (NdT : Commissariat du 3e arrondissement, réduit en cendre au troisième jour d’émeute dans la ville) en chassant les agents qui étaient à l’intérieur du bâtiment et en mettant le feu à celui-ci. C’était l’abolition par le bas. Les politiciens essayent toujours de rattraper les mouvements sociaux en promettant d’accorder par la loi tout ce qui peut être obtenu par l’action directe ; ainsi à…

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Auteur: lundimatin