Comment un village québécois a éradiqué le Covid

2 avril 2021 à 09h34,
Mis à jour le 3 avril 2021 à 11h42

Durée de lecture : 4 minutes

Monde
Covid-19

Kahnawake (Canada), reportage

« Ça fait trois semaines que ça a commencé et il y a toujours autant de monde ! » s’exclame Lisa Westaway, cheffe de file de la force d’intervention anti-Covid au sein de la communauté. Les gens ne se rendent plus au Mohawk Bingo, une immense bâtisse azur et blanche, pour remplir des grilles et tenter de remporter le gros lot, mais pour se faire injecter une dose de vaccin. Kahnawake, qui compte plus de dix mille habitants, devrait avoir vacciné tous ceux qui le souhaitent, soit 80 % de la population adulte, d’ici le 11 avril.

Au Canada, les habitants autochtones sont en effet prioritaires dans la campagne de vaccination. À Kahnawake, quel que soit son âge, tout adulte peut ainsi recevoir l’injection. Mardi 30 mars, Tom, 21 ans, immense gaillard, repartait ainsi du bingo avec le sourire, un pansement et sa grand-mère au bras (vaccinée elle aussi) : « Tout le monde avait peur ici quand la pandémie est arrivée. Finalement, pour l’instant, on a mieux géré ça que tout le monde ! » Même soulagement chez Catherine, la soixantaine, heureuse d’avoir reçu sa première dose et fière de la manière dont la communauté a réagi face à la crise : « On a été plus responsables que partout ailleurs au Québec. »

80 % de la population adulte sera vaccinée d’ici le 11 avril.

La discipline : voilà l’un des arguments clé de Lisa Westaway pour justifier le succès de la campagne de vaccination dans cette petite ville toute proche de Montréal. « Ici, tout le monde a compris les risques car ils sont immenses. Beaucoup de logements sont multigénérationnels », explique-t-elle. Les jeunes ne veulent donc pas risquer de contaminer leurs aînés. Et savent aussi qu’ils sont plus fragiles face au Covid : la Commission de la santé et des services sociaux des Premières nations du Québec et du Labrador estimait en 2018 que l’obésité et l’hypertension étaient deux fois plus présentes chez les Autochtones que dans le reste de la population.

Des Facebook live suivis par la moitié de la communauté

Pour que le danger soit compris par tous, la brigade locale anti-Covid a fait chauffer le téléphone. Selon Lisa Westaway, ils ont appelé chaque numéro du bottin de la communauté à quatre reprises afin d’expliquer les modes de transmission du virus. « J’ai reçu un appel, confirme Tom. « J’ai trouvé ça bien, mais un peu infantilisant. » Ceux qui…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Alexis Gacon Reporterre