Communisme et anticolonialisme — Bruno GUIGUE

Lorsqu’il proclame pour la première fois le droit des nations à disposer d’elles-mêmes, en 1914, Lénine met le feu aux poudres du système colonial. L’onde de choc du bolchevisme ébranle les fondements de la domination européenne. Évincée du théâtre occidental, la dynamique révolutionnaire va rebondir sous des latitudes plus favorables. Après le coup d’envoi de Petrograd en 1917, l’offensive principale du prolétariat devait se dérouler à l’Ouest. Puisque l’agonie des révolutions allemande et hongroise en a dissipé le mirage, elle aura lieu au Sud : « On continue à considérer le mouvement dans les pays coloniaux, remarque Lénine, comme un mouvement national insignifiant et parfaitement pacifique. Il n’en est rien. Dès le début du XXe siècle, de profonds changements se sont produits, des centaines de millions d’hommes, en fait l’immense majorité de la population du globe, agissent à présent comme des facteurs révolutionnaires actifs et indépendants. Il est bien évident que lors des batailles décisives imminentes de la révolution mondiale, le mouvement de la majorité de la population terrestre, orienté au départ vers la libération nationale, se tournera contre le capitalisme et l’impérialisme, et jouera peut-être un rôle révolutionnaire beaucoup plus important que nous ne le pensions ».

Joignant les actes aux paroles, l’Internationale communiste fondée en mars 1919 a immédiatement lancé l’appel à la révolte des peuples colonisés. Dès septembre 1920, son comité exécutif réunit à Bakou le « Congrès des peuples de l’Orient ». Des centaines de délégués turcs, persans, géorgiens, arméniens, indiens et chinois participent à cette rencontre sans précédent. Représentant l’exécutif du Komintern, Zinoviev y définit la doctrine du mouvement communiste international : « Nous disons qu’il n’y a pas seulement au monde des hommes de race blanche. Outre les Européens, des centaines de millions d’hommes d’autres races peuplent l’Asie et l’Afrique. Nous voulons en finir avec la domination du capital dans le monde entier. Nous sommes convaincus que nous ne pourrons abolir définitivement l’exploitation de l’homme par l’homme, que si nous allumons l’incendie révolutionnaire, non seulement en Europe et en Amérique mais dans le monde entier, si nous sommes suivis par cette portion de l’humanité qui peuple l’Asie et l’Afrique ».

Le combat pour la libération des peuples opprimés, bien sûr, fait partie des exigences fixées pour l’adhésion…

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Auteur: Bruno GUIGUE Le grand soir