Roubaix (Nord)
De notre envoyée spéciale
Le colibri est loin de ses mensurations lilliputiennes habituelles : il trône, majestueux, sur la façade de verre et d’acier près de la Grande Rue de Roubaix. Difficile de manquer le fier emblème de la compagnie de théâtre de l’Oiseau-Mouche, connue dans la région et dans le reste de la France pour sa singularité. Depuis sa création en 1978, elle n’emploie que des comédiens et comédiennes professionnels en situation de handicap mental. En quarante-cinq ans d’existence, l’établissement a su gagner ses lettres de noblesse dans la profession. Léonor Baudouin, directrice de l’établissement depuis 2020, la compare souvent à la Comédie-Française, les deux seules compagnies professionnelles du pays composées d’une troupe permanente mais sans metteur ou metteuse en scène attitré. « C’est le même fonctionnement, sauf pour le budget », plaisante-t-elle, en précisant qu’elle n’a pas les fonds suffisants pour engager un artiste associé, malgré les différents labels et subventions obtenues par le ministère de la culture et la Drac.
La directrice ne se montre pas inquiète pour autant, et explique que « le projet s’est diversifié. Aujourd’hui on est une compagnie, mais aussi un théâtre et un restaurant, qui emploie essentiellement du personnel en situation de handicap ». Pas question toutefois de porter le handicap comme un étendard. Ici, on se focalise sur le métier. Et les metteurs en scène désireux de monter un projet avec les comédiens ne manquent pas. C’est le cas de Lisa Guez, venue animer un atelier à l’Oiseau-Mouche et tellement séduite par la force émotionnelle de ces comédiens qu’elle met en scène Loin dans la mer, la 57e création de la troupe. La pièce, librement adaptée de La Petite Sirène de Hans Christian Andersen, conserve la trame du conte – une jeune sirène sacrifiant sa voix en échange de jambes pour se faire…
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Auteur: Clémence Blanche