Si nous évitons le plus souvent de penser à notre mort, nous savons néanmoins que notre vie s’achèvera tôt ou tard… Dès lors, il reviendra à nos proches de faire le nécessaire – si possible en respectant nos volontés, mais dans un cadre légalement restreint.
En France, seules deux dispositions funéraires sont envisageables : l’inhumation ou sa crémation. Toutefois, il est désormais établi que les bilans sanitaires et environnementaux de ces pratiques sont mauvais : pollution des sols, saturation des cimetières et immobilisation à long terme d’espaces urbains, consommation importante d’énergie ou encore émission de gaz à effet de serre sont autant de sources de préoccupation.
Dans ce contexte, les pratiques funéraires « alternatives » sont de plus en plus plébiscitées. Dans l’Hexagone, nombreux sont ceux qui souhaiteraient que leur corps puisse être (littéralement) recyclé : c’est le principe de l’humusation, une forme de compostage appliquée aux défunts. Il s’agit d’entourer la dépouille de fragments végétaux pour permettre sa décomposition par les micro-organismes.
Bien que directement inspirée des processus biologiques, cette biodégradation soulève de nombreuses questions.
L’humusation et la loi
L’évocation de l’humusation provoque souvent dégoût et ironie, mais cette pratique est loin d’être incongrue : aux États-Unis, le compostage des corps humains a été légalisé dans l’État de Washington en 2019, suivi par les États du Colorado, de l’Oregon, du Vermont et de Californie (2022).
En France, l’obstacle législatif est important. Il est ainsi énoncé clairement dans le Code général des collectivités territoriales que « le maire ou, à défaut, le représentant de l’État dans le département, pourvoit d’urgence à ce que toute personne décédée soit ensevelie ou inhumée […] ». Pourtant, bien que le bilan environnemental exact d’une crémation ou d’un enterrement varie selon les pratiques, leur impact est indéniable (notamment du fait de la confection des cercueils, des monuments funéraires, etc.)
Dans le sillage des évolutions écologistes en cours, l’idée de l’humusation a fait progressivement son chemin parmi la société civile, les médias et jusqu’à l’Assemblée nationale. Dans une proposition d’amendement (n°3179) visant à permettre l’humusation à titre expérimental, la députée Élodie Jacquier-Laforge arguait ainsi que l’humusation était une pratique respectueuse de l’environnement.
Une pratique douce ?
L’humusation repose sur le principe de dégradation naturelle des chairs. La dépouille du défunt est déposée sur un lit de broyats végétaux, puis recouverte de ce même matériau. On crée ainsi une butte de quelques mètres cubes au centre duquel se trouve le corps. Cette…
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Auteur: Damien Charabidze, Docteur en Biologie, Chercheur, Expert judiciaire, Université de Lille