Alors que Varsovie apparaissait depuis un an et demi comme l’un des soutiens les plus déterminés de l’Ukraine face à l’attaque russe, le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a annoncé le 20 septembre 2023 que son pays ne livrerait plus de nouveaux armements à Kiev.
Comment interpréter cette décision, à première vue surprenante, qui est intervenue dans un contexte de crise diplomatique entre les deux pays au sujet de l’exportation des produits agricoles ukrainiens, et surtout moins d’un mois avant les élections législatives polonaises du 15 octobre ?
Les grains de la discorde
En mai 2022, trois mois après le lancement de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’UE levait ses droits de douane sur les produits agricoles ukrainiens et organisait des « corridors de solidarité » pour permettre leur exportation, devenue impossible via les ports de la mer Noire du fait du blocage mis en place par la Russie.
Mais l’afflux de céréales ukrainiennes, couplé aux difficultés logistiques d’expédition depuis les pays de transit, a formé des goulots d’étranglement provoquant une baisse des prix des céréales vendues par ces pays, ce dont pâtissent les agriculteurs locaux.
Dès le début 2023, les agriculteurs polonais ont protesté contre l’arrivée des céréales ukrainiennes, aux prix plus compétitifs car non soumises aux normes européennes. Les manifestations organisées en Pologne et devant le siège de la Commission européenne à Bruxelles, les grèves, les défilés de tracteurs et blocages des points de passage à la frontière polono-ukrainienne ont entraîné la démission du ministre de l’Agriculture et du Développement rural polonais Henryk Kowalczyk en avril 2023.
Face aux difficultés rencontrées par les agriculteurs des pays de transit, la…
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Auteur: Léa Xailly, Doctorante en science politique et relations internationales, Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco)