Comprendre l’histoire de l’UE par ses élargissements successifs : de 1986 à 1995, place aux neutres

En 1995, la Suède, la Finlande et l’Autriche (en vert clair) rejoignent la CEE, qui passe alors de douze à quinze États membres.
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Les pays du premier élargissement de 1973 auraient pu faire partie de la CEE dès 1957 : le Danemark et le Royaume-Uni appartenaient, comme les Six fondateurs, à la dorsale du développement économique, urbain, culturel et politique, et berceau historique de la révolution industrielle et du capitalisme tandis que l’Irlande restait très liée au Royaume-Uni. Ceux du deuxième élargissement – la Grèce, l’Espagne et le Portugal – étaient non seulement plus agricoles, moins industrialisés et moins urbanisés, mais aussi et surtout en sortie de fascisme. Avec ce deuxième élargissement (1981-1986), la Communauté économique européenne et ses dirigeants actaient que la CEE n’est pas seulement née d’un projet politique de prospérité et d’interdépendance économique, mais aussi d’un projet politique de consolidation de la démocratie au sein des pays européens.

Le troisième élargissement a lieu dans les années 1990 à l’Autriche, la Suède et la Finlande : il est la conséquence de la fin de la guerre froide. Celle-ci rend en effet possible l’adhésion de ces pays avant tout caractérisés par leur neutralité.

La chute du bloc de l’Est change la donne

Certes peu densément peuplés, ces trois pays étaient devenus très prospères, très industrialisés et réputés pour leur modèle social-démocrate d’État-providence et d’organisation de la société. Ces différentes caractéristiques les rendaient particulièrement compatibles avec le projet de construction européenne – dès lors que leurs habitants manifesteraient leur volonté d’y adhérer.

Le gouvernement de la Norvège, aux caractéristiques très comparables, mais membre de l’OTAN, avait ainsi signé son traité d’adhésion en même temps qu’eux. Toutefois, en 1994, si la Suède et la…

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Auteur: Sylvain Kahn, Professeur agrégé d’histoire, docteur en géographie, européaniste au Centre d’histoire de Sciences Po, Sciences Po