Concurrencé par Wagner, Paris s'enlise au Sahel

Wols. — « Dans le sable (enlisé, une seule main surgit) », 1932.

Lire aussi Arnaud Dubien, « La Russie en Afrique, un retour en trompe-l’œil ? », Le Monde diplomatique, janvier 2021.

Le climat n’est pas idéal : au Burkina Faso et au Niger, début décembre, des villageois stoppent un convoi de ravitaillement de l’armée française. Au Mali des soldats russes se déploient depuis un mois sous uniforme de la société militaire privée Wagner, au risque que des « mercenaires » aient à intervenir sur les mêmes terrains que les soldats « réguliers » français. Et voilà que le pouvoir militaire malien, accusé et sanctionné par ses voisins parce qu’il refuse le retour à un régime civil, conteste à présent le survol de son espace aérien par l’armée française. À terre comme dans les airs, cette dernière se trouve doublement handicapée.

Fort dépitée, la ministre des armées, Mme Florence Parly, s’est laissée aller le 13 janvier dernier à reconnaître que, dans les conditions actuelles, il importe de se livrer à une analyse très fine des conditions dans lesquelles la France peut continuer à exercer sa coopération militaire dans la région, notamment au Mali… Qu’en termes polis ces choses sont dites. En l’occurrence, lors d’une réunion informelle des ministres européens de la défense et des affaires étrangères à Brest.

En plein vol

Fin décembre, le président Macron avait déjà dû renoncer au dernier moment à une visite au Mali. Il n’y a plus guère de relations politiques entre Paris et les militaires au pouvoir à Bamako. Lesquels ne cachent plus leur hostilité depuis que la France a décrété en mai dernier, dans la foulée du « coup d’État dans le coup d’État », la fin de son opération militaire régionale « Barkhane » sous sa forme actuelle. Le dispositif doit être réorganisé comme suit :
• une baisse des effectifs de moitié d’ici 2023 (de 5 100 à 2 500-3 000), et donc une moindre visibilité de son contingent ;
• moins d’engagement dans les patrouilles au sol et les éventuels combats de terrain ;
• un accent mis sur l’aérien, le renseignement, l’assistance aux forces armées locales ;
• la montée en puissance d’une force commando européenne (« Tabuka ») ;
• un recentrage des moyens de commandement sur Niamey, au Niger ;
• un regroupement des effectifs français maintenus sur les bases de Gao, Menaka et Gossi ;
• l’évacuation (déjà effective depuis la…

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Auteur: Philippe Leymarie