Conflit de classes inversé, l'épine dans le pied des luttes sociales

Le grand vainqueur

13 avril 2023, 6h30 du matin, en périphérie d’une agglomération française. Un petit groupe de syndicalistes et de militant·e·s mobilisé·e·s contre la réforme des retraites s’est réuni pour bloquer l’une des principales entrées de la ville. Un embouteillage s’est formé, qui s’allonge de minute en minute. Au bout d’un quart d’heure, le chauffeur d’une camionnette de livraison sort brusquement de son véhicule et se dirige en gesticulant et en hurlant vers les bloqueurs. Il est hors de lui. Seul le rapport de force déséquilibré le retient de frapper le premier bloqueur qui lui tombe sous la main. « Mais c’est pour vous aussi qu’on fait ça », essaient les militant·e·s pour le calmer. Au contraire, ça redouble sa colère : il est en période d’essai ; à cause d’eux, il va perdre son job ! Qu’est-ce qu’il va faire ? Il a une femme et des gosses à nourrir ! Les militant·e·s échangent des regards gênés, ne savent plus quoi dire. Finalement, l’un d’eux lui dit de ne pas s’en faire, qu’ils vont bientôt lever le barrage. Le livreur retourne à sa camionnette en gesticulant et en maugréant toujours. Du côté de la mini-barricade de poubelles et de palettes qui barre la chaussée, l’ambiance est plombée.

Pourtant, les sondages publiés par les médias montrent semaine après semaine que la population est massivement opposée à la réforme, notamment au relèvement à 64 ans de l’âge de départ à la retraite. Environ les deux tiers des personnes interrogées sont contre. Ce chiffre est même beaucoup plus élevé chez les actifs, où l’on parle parfois de plus de 90 % de rejet. Et une majorité des personnes sondées soutient également le mouvement syndical de grèves et de manifestations.

Alors les militant·e·s s’interrogent : pourquoi ce livreur qui, a priori, devrait être du côté des opposant·e·s à la réforme, est-il aussi remonté contre…

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