Sans le Drang nach Osten de l’OTAN, il n’y aurait pas eu de réactivation du fantasme de Novorossiya. Tout mettre sur le compte de Vladimir Poutine, c’est un peu court. Si Gorbatchev n’avait pas été roulé dans la farine et si l’accord avait été respecté de ne pas étendre l’OTAN aux pays de l’ex-Pacte de Varsovie, il n’y aurait sans doute jamais eu d’invasion de l’Ukraine.
L’OTAN a prétendu qu’ « un tel accord n’a jamais été conclu » (1) et la « grande presse » a accrédité cette thèse sous prétexte qu’il n’y aurait pas d’accord écrit. Mais, outre qu’il est indécent de considérer qu’un accord oral ne lierait pas les parties – promissio est servanda – une note des archives nationales britanniques publiée le 18/02/2022 par Der Spiegel enlève toute équivoque (2).
« Il était clair depuis longtemps que l’expansion de l’OTAN conduirait à la tragédie. Nous payons maintenant le prix de l’arrogance des États-Unis », affirme Ted Gallen Carpenter, membre du think tank libertarien Cato Institute (3). Il est loin d’être le seul, comme le montre le politologue belge Marc Vandepitte, qui cite sept personnalités étatsuniennes ayant lancé de sérieux avertissements (4).
À ce titre, l’interview de l’ancien ministre français des affaires étrangères Roland Dumas est particulièrement convaincante, voire émouvante (5). Il témoigne, non sans nostalgie, du climat prometteur de paix qui régnait au début de la décennie 1990. Même aveu d’un de ses successeurs, Hubert Védrine : « Je pense, comme beaucoup d’anciens ‘vétérans de la guerre froide’, que dans les dix, quinze années qui ont suivi la chute de l’URSS, la politique occidentale n’a pas été intelligente avec la Russie, qui a été traitée avec une désinvolture perçue comme de l’humiliation par les Russes. » (6) Comment expliquer cette faute politique majeure ? Par quel engrenage tragique a-t-on pu refermer cette fenêtre ouverte sur une Europe enfin pacifiée ? Comment a-t-on pu ne pas profiter de cet heureux alignement des astres ? Qui a soufflé sur les braises pour ranimer la guerre froide ?
Comment se fait-il que le funding act du 27 mai 1997 basé sur « la coopération, la décision conjointe et l’action commune » entre l’OTAN et la Russie soit resté lettre morte ? Pourquoi l’idée de « maison européenne commune » lancée par Gorbatchev en 1989 ne s’est-elle pas réalisée ? Jean De Ruyt, qui représenta la Belgique à l’OTAN en 1996-1997, écrit dans ses…
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Auteur: André LACROIX Le grand soir