Congrès de la nature – Jour 5 : avec la crise de la biodiversité, on risque « une nouvelle pandémie tous les quinze ans »

Le Congrès mondial de la nature se tient du 3 au 11 septembre à Marseille. Deux journalistes de Reporterre sont présentes à cet événement autour de la biodiversité, et proposent un suivi quotidien.

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Marseille (Bouches-du-Rhône), reportage

L’intitulé One Health (une seule santé) revient à l’affiche de nombreux évènements organisés par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), durant ce Congrès mondial de la nature. Il faut reconnaître que la conjonction d’un sommet de la nature et d’une pandémie se prête à la communication sur cette approche développée par les scientifiques depuis une vingtaine d’année. À savoir que la santé des humains et celle des écosystèmes sont directement liées et que les pandémies sont une conséquence de la destruction des milieux naturels, comme l’a montré le dernier rapport de l’IPBES, le « Giec de la biodiversité ».

« Plus des deux tiers des maladies infectieuses émergentes sont causées par des agents pathogènes présents chez des animaux, explique Benjamin Roche, chercheur à l’Institut de recherche pour le développement (IRD). Mais beaucoup d’espèces animales ne sont pas sensibles aux mêmes microbes. Donc une forte biodiversité dilue la propagation d’un virus, par exemple. À l’inverse la perte de biodiversité peut être un facteur de propagation rapide, auquel s’ajoute l’augmentation des contacts avec la faune sauvage, à cause notamment de la réduction de leurs habitats. Si on ajoute à ça la grande mobilité internationale, on a tous les ingrédients pour avoir une nouvelle pandémie tous les quinze ans. »

La France est particulièrement mobilisée sur le sujet, depuis qu’elle a lancé au sommet One Planet, en janvier dernier, une alliance internationale sur les zoonoses, qui vise à fédérer les programmes des recherches existants sur le sujet. La stratégie diplomatique se poursuit donc à Marseille pour agréger de nouveaux pays à l’initiative, avec une motion ad hoc présentée aux membres de l’UICN.

L’argument scientifique est convaincant, mais difficile de voir comment en faire un levier d’action politique. Quand le ministre de la Santé Olivier Véran énonce lors d’une courte apparition en visio que « la prévention est cent fois moins coûteuse que le traitement ! », on imagine pourtant mal son ministère réorienter massivement son budget en faveur de la protection de la nature. Et si on va plus loin, pourra-t-on réduire drastiquement la destruction des…

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Auteur: Magali Reinert Reporterre