Le Congrès mondial de la nature se tient du 3 au 11 septembre à Marseille. Deux journalistes de Reporterre sont présentes à cet événement autour de la biodiversité, et proposent un suivi quotidien.
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Marseille (Bouches-du-Rhône), reportage
Ce jeudi matin, le parc Chanot paraît bien calme. Une bonne partie des participants au Congrès mondial de la nature ont en effet plié bagages, le Forum — la partie exposition — s’est achevé mercredi 8 septembre. Mais dans l’immense hall 1, quelques centaines de membres de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) poursuivent leurs discussions. Jusqu’à vendredi soir, ils ont encore une dizaine de motions à voter, autant de recommandations pour (tenter) d’enrayer l’effondrement de la biodiversité. Certaines sont très concrètes — comme la n°129, qui propose d’« éviter le point de non-retour en Amazonie en en protégeant 80 % d’ici à 2025 », d’autres paraissent plus vagues, telle la n°101, qui entend « fixer des objectifs de conservation par zone en se fondant sur ce dont la nature et l’homme ont réellement besoin pour prospérer ».
Mais ce matin, dans la pénombre de la salle plénière, on discute relance économique. Et c’est un représentant du gouvernement sud-coréen qui parle, vantant le Green New Deal adopté par ses parlementaires. Sa présentation a des allures de stratégie entrepreneuriale : « management de la biodiversité », « croissance verte » ou « investissement pour la séquestration du carbone ».
Je tique un peu et sors prendre l’air. Au détour d’un couloir, je croise Marie Toussaint, eurodéputée écologiste. Elle a justement commandé une étude, qui sera publiée très prochainement, sur les dérives de la finance verte. « Plusieurs motions de l’UICN portent sur le “capital naturel” ou sur les services écosystémiques, avec cette idée qu’en donnant un prix à la nature, on la protégera mieux, m’explique-t-elle. Nous, ça nous fait peur, car on risque de créer des droits à détruire la nature. » En bref, des entreprises pourraient polluer ou bétonner de plus belle, tout en se dédouanant en finançant des actions de reforestation ou de restauration de milieux. C’est ce qu’on appelle la compensation, et cela se pratique déjà localement. Mais là, l’idée serait de créer un marché financier mondial, où les sociétés pourraient s’échanger, moyennant finance (et spéculation) des sortes de « droits à polluer ». « C’est dans…
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Auteur: Lorène Lavocat (Reporterre) Reporterre