Connaissez-vous bien les « ­­­ slashers », ces salariés en désir de multiactivité ?

Une étude récente témoigne d’un phénomène « free lance » qui s’amplifie et qui change de nature. Travailleurs et travailleuses à se lancer en indépendants sont en effet de plus en plus qualifiés, un effet peut-être des reconfigurations amenées par la crise sanitaire. Nous avions montré dans des recherches précédentes comment celle-ci a questionné le rapport au travail et suggéré reconversions et mobilités.

Un autre mot clé se détache, celui de « multi-activité » ou « slashing ». Valérie Duburcq, directrice du domaine Transformation « Pratiques de Travail Collectives » chez Orange, en témoigne :

« Nous sentons une envie des salariés d’avoir une multiactivité soit au sein de la même entreprise soit au sein de plusieurs. On voit de plus en plus un lien avec l’entreprise, qui est en train de changer. Avant, il était admis que son travail se passait au sein d’une même entreprise. Aujourd’hui, on veut couper son temps entre plusieurs activités et plusieurs entreprises ».

Nous trouvons ici les ingrédients du slashing, défini dès 2007 dans un ouvrage de l’essayiste américaine Marci Alboher. Le slashing, c’est l’articulation volontaire de plusieurs activités professionnelles radicalement différentes. Ce mode de travail atypique sort du cadre du CDI à temps plein et reste méconnu : récent, on le confond encore avec la pluriactivité subie. En France, les slashers sont confrontés à une mauvaise identification professionnelle qui reste peu analysée. Notre recherche vise à comprendre comment les principaux concernés gèrent cette mauvaise identification sociale.

Immatures, opportunistes… Vraiment ?

Nous sommes repartis d’un cadre théorique précédemment établi par la littérature afin de décrire les situations où l’individu estime qu’une des facettes de son identité est mal prise en compte par son environnement. C’est bien ce qui est à l’œuvre chez les slashers,…

La suite est à lire sur: theconversation.com
Auteur: François Grima, Professeur des Universités, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)