« Connivence »

Cher Lundi !

Voilà que j’ai dû apprendre la nouvelle de ma prochaine panthéonisation ! Le croyez-vous, vous ? Quel spectacle ! Vous comprendrez les raisons qui me font retrouver ce feuillet perdu d’un vieux carnet d’illuminé : c’est une question de vie ou de mort – surtout de mort.

Ce n’est plus exactement de la fantaisie. Mais je vous en supplie, ne soyez pas vache : publiez, comme vous voudrez, cette petite minute de littérature ancienne dans votre prochain numéro. Et, de grâce, ne soyez pas exécrable au point de ne rien répondre.

A.R.

« Connivence »

Les mains cahotantes, affolées de ne savoir ni tenir, ni écrire. Les mélodies chastes aux empreintes vénéneuses tintamarraient sous les toits sales et mal-habités des âmes vaporeuses. C’était l’heure où la force, rassise et heureuse d’encore chercher ses motifs, coule et s’étale qua hinc, qua hàc au-dedans le cadastre des petits anémiques.
Ô l’inépuisable lourdeur du ciel qui tombe sur nos têtes ! Nous ne serons donc jamais libres, ni morts pour toujours, encuvetés et soutenus, enfin à l’abri ? Il y a toute une petite foule de costumes déambulants qui a demandé ma mort au Panthéon ! Ils ont une coiffure arrangée digne de trente-six millions de chihuahuas déjà mort-nés.
Ô les empesés de la cervelle molle et les threaders en avalanche ! Les empestés de la conscience — Ils sont bien autant à vouloir ma mort ailleurs ! Je suis damné sous l’arc-en-ciel !
Ô les atours désajustés et les parures sacrées des ministères de la culture ! Apprenez-le cette fois pour toutes : j’ensevelis les morts pareil que Dieu enveloppe son existence. Mais je ne goûte pas beaucoup votre connivence.
Ô la concavité sidérale de l’esprit de votre temps ! C’est une parade d’enfer.

Auteur : lundimatin
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