Conspiration et fantasmagorie à l'ère de Trump et du Covid [2/2]

Quelques jours après la publication du premier volet de cette enquête, le journal américain Buzzfeed arrivait lui aussi à la conclusion qu’il était inadéquat de qualifier QAnon de conspiracy theory. Les journalistes de Buzzfeed ont décidé qu’ils parleraient désormais de collective delusion, un délire collectif, pour signaler que nous avons affaire à quelque chose de bien plus grave que des inférences et des théories sans fondement. C’est un choix risqué : non seulement l’utilisation du langage de la psychiatrie en dehors de son domaine spécifique favorise la pathologisation et la médicalisation croissantes de la société et de la vie, mais si l’intention est de récupérer les personnes tombées dans le rabbit hole, leur dire qu’elles sont delusional, en train de délirer, peut être contre-productif et les braquer dans leurs croyances.

Cela dit, il est indéniable que le récit de QAnon relève de l’hallucination collective. La question est : collective à quel point ? de combien de personnes parle-t-on ? Selon un sondage de l’institut américain Civiq, publié début septembre et immédiatement cité dans de nombreux articles, 16 % des Américains disent croire que ce que dit QAnon est en grande partie vrai ; en ne considérant que les blancs non-hispaniques, le chiffre monte à 19 % ; en se limitant aux électeurs républicains, il monte même à 33 % ; chez les démocrates, il s’arrête à 5 %, ce qui est n’est pas négligeable si l’on pense aux récits il est question. Si l’échantillon des personnes interrogées est représentatif, 52 millions de personnes pensent que ce que dit QAnon est mostly true.

Le chiffre semble peu plausible, la réponse pourrait être moins univoque qu’il n’y paraît et chaque sondage d’opinion doit être pris avec des pincettes. Celui de Civiq comprenait également une option « certaines parties (de la narration de QAnon) sont vraies ». Cette réponse a été…

Auteur: lundimatin
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