Conte de ma mère l'Oye – revisité

L’oye est une oreille, mais n’ayons pas peur des jeux de mots, et usons de l’homophonie aimée par les contes.

Il était une fois une oie si belle que tous entendaient avec grand plaisir ses paroles, qui étaient de belles vérités d’être et d’expérience. Cette oie accueillait dans un gigantesque panier des milliers d’oisillons en quête de repères et de maternité. Ces oisillons, qui étaient en majorité femelles, se retrouvaient dans sa parole comme dans un miroir, et réclamaient chacun un peu de son attention, un peu de la douceur de ses ailes, si belles et si douces. Être auprès d’elle ressemblait à une grâce, tant sa générosité semblait infinie.

La belle oie avait en effet connu le drame de l’abandon parental aux mains d’un affreux faiseur de films animaliers. Ce dernier mettait la belle oie au centre, si jeune, si fraîche, si spontanée, faisant tourner la caméra autour d’elle, se permettant de la manipuler dans tous les sens, sans se préoccuper de son bien-être, de son intimité. Un réalisateur qui avait finalement très peu d’égard pour les animaux, et ici pour son oie préférée. Blessée, notre oie s’était retirée, et elle était partie grandir ailleurs.

Depuis cette époque, la belle oie était tourmentée. Elle se demandait quoi faire pour réparer son passé. Elle écrivit un livre, parla à ses ami·es, traversa l’océan, changea de pays. Un jour elle eut l’idée de faire une série. Elle était maintenant mère à son tour, regardait pousser ses petits. Elle raconta alors, avec sa caméra, son passé avec son regard d’aujourd’hui. Elle y fit jouer sa fille, y interrogea sa mère, mais, oups, point de père. Du père fut protégée l’ignorance de sa souffrance à elle d’oie blanche aux prises avec ce faiseur de films périmés. La pauvre belle, bien que devenue grande, préféra épargner à son papa, pourtant très présent chez les oies, une interrogation cruciale, de savoir…

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Auteur: dev