Contre la suffisance anarchiste

Le 30 décembre 2019, au lendemain des élections générales, j’ai eu la malchance de me retrouver derrière la caisse de la librairie Freedom Bookshop. Pour être précise, ma malchance ne résidait pas dans le fait d’être là – il s’agit d’un endroit merveilleux, rempli d’excellents livres –, mais dans le fait que quelques anarchistes old-school avaient décidés de passer la journée dans la librairie, se félicitant de la défaite de Corbyn. Il n’y avait ni hochement de tête triste, ni commentaire solennel, ou même banal, sur la certes prévisible mais regrettable tournure des événements.Ils étaient joyeux. En fait ils étaient plus ou moins en train de célébrer l’événement. Si mon enfance ne m’avait pas laissée si peu avide de conflit – et que les individus en question n’avaient pas une telle réputation de brutes – j’aurais peut-être réussi à formuler quelque chose sur la faculté de médisance dont disposent certaines personnes. Mais j’ai été intimidée, et pour que mon temps de travail reste pacifique, j’ai laissé ces partisans auto-proclamés de la classe ouvrière se réjouir bruyamment du raz-de-marée de la barbarie.

Bien que ces has-been hargneux représentent un extrême particulièrement grotesque de l’idée anarchiste, leur joie décomplexée face à la défaite de Corbyn n’est pas si éloignée de l’arrogant « on vous l’avait bien dit » qui a, en grande partie, constitué la « réponse anarchiste » aux élections de décembre. On aurait pu espérer que les anarchistes aient eu quelque chose d’intéressant à dire après la défaite du premier mouvement de masse en faveur du socialisme que ce pays ait connu depuis des dizaines d’années. Malheureusement, à une ou deux exceptions près, tout ce que nous semblons avoir produit se résume à quelques posts ennuyeux sur Urban 75, qui expliquent à quel point nous sommes avisés alors que le reste du monde est pathétique et…

Auteur: IAATA
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