Au cœur du capitalisme dans sa phase néolibérale, le bonheur s’impose comme un outil de marketing et un produit de vente. Des manuels, des techniques managériales et des gourous aux méthodes high tech le pétrissent d’injonctions, de normes de « bien-être » qui se monnaient. Tout cela évidemment ne manque pas d’être adéquat aux besoins du capital : pour une efficacité productive, le sourire est de mise. Cet entretien avec Edgar Cabanas et Eva Illouz, auteurices du livre Happycratie (Premier Parallèle, 2018), montre comment le bonheur est devenu une marchandise.
Les gourous de l’entraide et les psychologues positifs nous disent que nous devrions nous entraîner au bonheur. Les sourires peints qu’ils veulent nous vendre sont un substitut pathétique à l’amélioration réelle de nos sociétés.
Le bonheur semble être une bonne chose. En effet, de nombreuses personnes sont prêtes à nous le vendre. L’industrie des livres, conférences et vidéos de développement personnel, qui représente 12 milliards de dollars par an, nous parle des petits changements que nous pouvons tous faire pour parvenir à l’insaisissable existence heureuse, de la visualisation du succès futur à la perte de poids, en passant par le nettoyage de nos chambres.
Depuis la fin des années 1990, cette industrie s’est dotée d’un pendant prétendument scientifique : la « psychologie positive » promue par l’ancien président de l’American Psychological Association, Martin Seligman. Ses idées sur l’ »optimisme acquis », ainsi que des concepts tels que la « pleine conscience », font désormais partie des idées de bon sens sur la manière d’améliorer notre existence.
Certains de ces discours sont assez cultissimes et ressemblent plutôt à un appel à avaler les réalités dont nous ne sommes pas très satisfaits. Il suggère que nos problèmes sont tous dans notre tête, tout comme la voie à suivre pour devenir de meilleures…
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Auteur: redaction