Contre le collectif mortifère du nationalisme. La guerre et le capitalisme

Contre la géopolitique qui a remplacé à l’avantage des classes dirigeantes les analyses fondées sur la concurrence entre les forces capitalistes, Charles Reeve propose, pour penser la guerre de suivre l’exemple de Rosa Luxemburg, emprisonnée pour son opposition à la boucherie de 14-18. Revenir avec elle, aux fondements de l’économie politique, est encore et toujours l’un des meilleurs moyens de comprendre les causes du massacre en cours en Ukraine. Est-ce le seul ? On peut en discuter, mais on ne peut nier l’apport indispensable de cette démarche.

I.

Il arrive que la marche des choses dans ce vaste monde impossible soit mieux saisie dans une miniature du modèle global, par exemple, dans un petit pays, une mini société où les tares du capitalisme sont clairement exposées. Prenez le Portugal, situé aux marges de l’Europe, loin des territoires en conflit et des bruits de bottes. Pays où la démocratie représentative triomphante ne cache pas une corruption massive qui touche les institutions, de la plus petite mairie financée par le capitalisme prédateur (dont des financiers ukrainiens et russes) jusqu’aux forces armées corrompues qui vendent leurs armes sur le marché noir, aux politiciens véreux qui se reproduisent par génération spontanée. Pays où la communauté de prolétaires immigrés ukrainiens dépasse les 30 000 personnes et où, récemment encore, la police des frontières a assassiné de sang-froid, à l’aéroport de Lisbonne, l’un d’entre eux, Ihor Homenyuk pour le nommer, lors d’un banal contrôle de papiers . Pays où, récemment encore, le ministère de l’intérieur livrait aux fonctionnaires russes en poste les coordonnées des rares exilés qui manifestaient devant leur ambassade, pour protester contre le régime. Quoi qu’il en soit, il s’agit d’un pays où, comme partout ailleurs, l’invasion de l’Ukraine par le régime de Poutine a déclenché un bruyant cortège de pleurs, de protestations et d‘affirmations de solidarité avec le peuple ukrainien, un pays où, comme partout ailleurs, l’hypocrisie avance masquée, parée de vertu. Pour couronner le tout, il y a eu l’extraordinaire « affaire Abramovitch ». Le très connu multimillionnaire russe, acheteur de clubs de foot — passerelles de blanchiment d’argent sale — est devenu récemment portugais grâce à un de ces Visas Gold, qui sont depuis quelques années vendus par le gouvernement socialiste local pour renflouer les caisses en échange d’un « investissement » dans l’immobilier. C’est ainsi…

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Auteur: lundimatin