Contre le sexisme, des agricultrices s'organisent

Dans notre travail, « on est toujours ramenées à notre genre, c’est fatiguant », soupire Fanny Demarque, 36 ans. Bergère dans les Hautes-Alpes, elle cultive en parallèle du soja bio qu’elle transforme en tofu à la ferme. « Même pour les compliments ! On nous dit : “C’est bien pour une fille”… » Guilaine Trossat, 40 ans, éleveuse de brebis en Ardèche abonde : « Au-delà du paternalisme lubrique autour de la “petite bergère”, il y a l’image des femmes plus sages, qui picolent moins et font mieux les mises bas que les hommes. » Les deux agricultrices sont membres du collectif ardéchois les Paysannes en polaire, qui vient de publier la bande-dessinée Il est où le patron ? (éditions Marabout, mai 2021) pour dénoncer le sexisme du monde agricole. « C’est comme si ce monde n’était pas fait pour nous. Mais l’idée, ce n’est pas de dire que les paysans sont des gros beaufs machos, souligne Guilaine. C’est de dire aux femmes qu’elles ne sont pas seules. Et proposer des pistes pour que le quotidien soit plus léger. » L’une de ces pistes : les groupes en non-mixité, qui se révèlent parfois salvateurs. C’est ce que proposent les Paysannes en polaire, qui regroupe cinq femmes et organisent des autoformations. Les Centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural (Civam), un réseau agricole de 13 000 adhérents, comptent ainsi une quinzaine de groupes actifs autour des questions d’égalité femmes-hommes.

Marie-Édith Macé a repris un élevage de près de cinquante vaches laitières sur la ferme familiale, à Melesse. © Célian Ramis/Reporterre

L’association d’éleveurs et d’éleveuses d’Ille-et-Vilaine Adage 35 fait partie de la fédération des Civam de Bretagne. En 2017, lorsque le conseil d’administration — dont Marie-Édith Macé, 52 ans, était la seule femme — a suggéré la mise en place d’un groupe non mixte, cette dernière s’est écriée : « Au secours ! » Cinq ans plus tard, l’éleveuse de vaches laitières en bio à Melesse qualifie ledit groupe de « vraie bénédiction ». Né d’un constat simple — la faible participation des femmes aux formations proposées — il se nomme Les Elles et rassemble une dizaine de paysannes. « Les hommes sont porteurs de la technique agricole car on leur a appris. J’avais un besoin criant de technique et je ne voyais pas ce que ce groupe allait m’apporter », se remémore-t-elle. Elle a longtemps été comptable avant de reprendre l’élevage de près de cinquante vaches…

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Auteur: Reporterre