Contre les migrants, toujours plus de technologie

Villepinte (Seine-Saint-Denis), reportage

« Viens ici pépère ! » lance un homme élancé en costume-cravate en direction d’un chien-robot en mouvement, faisant mine de lui proposer à manger. Derrière les regards amusés autour du robot développé par l’entreprise étasunienne Ghost Robotics, son « maître » le guide avec sa télécommande d’un œil malicieux. Ce chien-robot au look Black Mirror répond au nom de Q-UGV et sa mission consiste à surveiller des sites ultrasensibles comme les centrales nucléaires.

Ce surveillant atypique, capable de courir, grimper et nager dans des environnements extrêmes, était l’une des nombreuses innovations présentées sur le salon Milipol de la sécurité intérieure au parc des expositions de Villepinte (Seine-Saint-Denis). Près de 1 000 exposants, dont deux tiers d’entreprises internationales, y ont élu domicile du mardi 19 au vendredi 22 octobre. Plus de 30 000 professionnels de la sécurité publique et privée de 150 pays déambulaient dans les allées. Entre une coupe de champagne et des petits fours, ils s’informaient pour en faire commerce sur les dernières grenades lacrymogènes, les dispositifs de reconnaissance faciale ou les fusils d’assaut.

Le salon Milipol réunit chaque année en banlieue de Paris des milliers d’entreprises du secteur de l’armement et de la sécurité. © Hugo Robert / Reporterre

L’heure est à la reprise pour le secteur de la sécurité. « La première des libertés », comme l’a assuré le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, lors de sa visite du salon le premier jour. Après avoir subi la crise sanitaire à l’instar d’une large partie de l’économie mondiale, le marché mondial de la sécurité intérieure devrait rebondir. Sa prévision de croissance est de 8 % en 2021 et de 6 % en 2022, après une baisse de 3 % en 2020. En France, il n’a pas été épargné non plus et les dépenses étatiques consacrées à la sécurité ont baissé de 8,6 %, pour atteindre 3,6 milliards d’euros. Mais certains domaines, comme celui des drones de surveillance, ont tiré leur épingle du jeu avec une progression de 5,8 %. Alors que l’Union européenne peine toujours à s’accorder sur une politique commune de gestion des frontières, chaque État membre est tenté de renforcer la surveillance des siennes grâce à des technologies toujours plus sophistiquées.

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Auteur: Reporterre