- Hambourg (Allemagne), reportage
Des façades en brique et des toits à pignons, typiques du nord de l’Allemagne. Pour le reste, Alsterdorf, en périphérie de Hambourg, ressemble à des milliers d’autres quartiers à travers le pays et l’Europe : des alignements de pavillons avec jardin, séparés par des haies de thuyas ; des voitures garées le long de rues tranquilles, baptisées « Chemin des Tulipes » ou « Allée du muguet ».
Pour le maire d’Alsterdorf, Michael Werner-Boelz, ce modèle de la maison individuelle en zone périurbaine est pourtant dépassé. Sur le territoire peuplé de 313.000 habitants qu’il administre depuis 2019, au nord de la métropole hanséatique, la construction de nouveaux pavillons est désormais interdite. « Bien sûr, il est toujours possible de vivre dans une maison ici, en en louant ou en achetant une déjà existante, précise à Reporterre l’élu écologiste, bonnet bleu marine et chaussures de montagne pour affronter la neige. Mais pas une maison neuve. »
200 tonnes de sable et de graviers par maison construite, 15 kilowattheures de chauffage supplémentaires par mètre carré et par an par rapport aux habitats collectifs, sans oublier l’étalement urbain et l’augmentation du trafic automobile… Les chiffres ne plaident pas en faveur de la maison individuelle. Mais l’argumentaire est loin de convaincre les habitants d’Alsterdorf. « Les familles avec enfants ont besoin de place », dit un passant. Avant de grimper dans sa berline, un autre s’emporte : « C’est de l’ingérence dans la vie privée des gens. Ils n’ont pas à nous dire comment on doit vivre ! »
Pour M. Werner-Boelz, il n’y a pourtant pas le choix. La maison individuelle est un non-sens écologique mais aussi social. Chaque année, la métropole de Hambourg doit loger dix mille personnes supplémentaires. La pression immobilière est telle que les prix au mètre carré se sont envolés. Il faut désormais compter 800.000 euros pour acheter une maison en banlieue, un million minimum à Alsterdorf. En moyenne, les loyers ont augmenté de 42 % en dix ans, poussant les classes moyennes toujours plus loin.
Seuls les projets d’immeubles collectifs sont donc acceptés sur les neuf terrains encore constructibles dans l’arrondissement de Hambourg-Nord. Dans le quartier flambant neuf des Pergolas, les grues s’activent encore, mais les 1.700 appartements sont déjà partis comme des petits pains. Les tout premiers habitants ont emménagé l’été dernier, des familles séduites par la quiétude des…
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Auteur: Violette Bonnebas (Reporterre) Reporterre