Un lecteur assidu, qui avait déjà poussé son coup de gueule sur le langage du pouvoir, nous fait parvenir ses réflexions sur le contrôle social par l’imaginaire policier
L’envers des histoires
Quand j’étais petit, j’aimais beaucoup Batman. Lorsque j’aperçois dans la rue un policier, je me demande parfois : avons-nous au moins cela en commun ? Sous l’armure, le casque, la mine renfrognée, y a-t-il quelque part un enfant qui regardait les mêmes dessins animés que moi ? Ceux-ci ont-ils influencé, d’une manière ou d’une autre, son choix de carrière ? Je l’imagine, levant fièrement son petit poing devant une télé cathodique, jurant qu’il consacrera sa vie à la protection de ses concitoyens. L’image me fait sourire. Comment se sent-il désormais, croisant le miroir de sa salle de bains après une journée de manifestation, la matraque rougie du sang de celles et ceux qu’il avait promis de défendre ? Lui qui voulait pourchasser des criminels, le voilà réduit à commettre le plus pathétique des larcins : le vol de casserole. Je me demande si l’ironie de tout cela l’effleure. Probablement pas. Pour réduire la dissonance cognitive, le cerveau rationalise sans cesse ; il se raconte des histoires.
Les histoires, justement, sont l’objet de cet article. Leur fonction première n’est pas d’amuser les enfants, comme on l’imagine parfois, mais de transmettre des expériences. Les fables de La Fontaine et les contes de Charles Perrault contiennent une morale, véhiculent des leçons : ne suis pas les inconnus chez eux, ne t’aventure pas seul en forêt, arrête d’échanger toutes nos vaches contre des haricots. La fiction est un outil social puissant, qui instruit en divertissant. Si la droite dure monte au créneau dès que Disney introduit un personnage homosexuel, c’est qu’elle craint que la jeunesse ne soit pervertie. Or, à ses yeux, on devrait plutôt utiliser le médium pour inculquer des…
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Auteur: B