COP 27 : victoire du capitalisme fossile à Charm el-Cheikh. Il ne reste que la lutte

C’est un bilan catastrophique et édifiant que dresse Daniel Tanuro dans cet article, à propos de la COP27 qui s’est déroulée il y a quelques semaines à Charm el-Cheikh en Égypte. Le capitalisme fossile y a clairement triomphé, avec toute une noria de lobbyistes du charbon, du pétrole et du gaz très actifs. Il n’y a plus vraiment d’hypocrisie encore possible dans ces conférences en sommet: le droit de polluer y est entériné; les moyens mis en œuvre peuvent demeurer confidentiels et dès lors invérifiables. Rien ne va. Et seule compte la lutte.

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Quelques jours avant l’ouverture de la COP27 à Charm el-Cheikh, en Egypte, j’ai écrit que cette conférence serait un «nouveau sommet du greenwashing, du capitalisme vert et de la répression» [1]. C’était une erreur. Le greenwashing et la répression étaient plus que jamais au rendez-vous sur les rives de la mer Rouge, mais le capitalisme vert, lui, a subi un revers, et les fossiles ont remporté une nette victoire.

En matière climatique, on peut définir le capitalisme vert comme la fraction du patronat et de ses représentants politiques qui prétend que la catastrophe peut être arrêtée par une politique de marché qui incite les entreprises à adopter des technologies énergétiques vertes ou «bas carbone», de sorte qu’il serait possible de concilier croissance économique, croissance des profits et baisse rapide des émissions, et même d’atteindre le «zéro émissions nettes» en 2050. Ce volet, dit de «mitigation» du changement climatique, est alors complété par un volet dit «d’adaptation» aux effets désormais inévitables du réchauffement, et par un volet «financement» (à destination des pays du Sud, principalement). Sur ces deux plans-là aussi, les tenants du capitalisme vert estiment que le marché peut faire le job – ils y voient même une opportunité pour le capital.

De Copenhague à Paris, du «top down» au «bottom-up»

L’accord obtenu à Paris lors de la COP21 (2015) était typiquement une manifestation de cette politique. Il stipulait que les parties s’engageraient à déployer des actions pour que le réchauffement «reste bien au-dessous de 2°C, tout en continuant les efforts pour ne pas dépasser 1,5°C». Il faut rappeler que la COP15 (Copenhague, 2009) avait enterré l’idée d’une répartition mondiale du «budget carbone 2°C» (la quantité de carbone qu’on peut encore envoyer dans l’atmosphère pour avoir une probabilité raisonnable de ne pas dépasser 2°C au cours de ce siècle) en fonction des…

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Auteur: redaction