COP27 en Égypte : le pays hôte, un cancre des droits et libertés

La 27ᵉ Conférence des Parties (COP27) s’amorce sous peu dans la station balnéaire paradisiaque de Charm el Sheikh, en Égypte.

Le pays est l’hôte d’une nouvelle session de négociations climatiques qui va porter notamment sur les pertes et préjudices causés par le changement climatique. Il sera aussi question du rehaussement du niveau d’ambition climatique des Parties à travers leur contribution nationale déterminée (CDN). Il s’agit d’un mécanisme issu de l’Accord de Paris et qui rassemble tous les engagements climatiques auxquels un État souscrit, notamment en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) et d’adaptation au changement climatique.

Cependant, au-delà de cette grande rencontre internationale sur l’action climatique, il y a une ombre au tableau : les droits de la personne. Le constat est sans équivoque : l’hôte de la COP27, l’Égypte, fait piètre figure en la matière.

Le pays obtient un score anémique de 18 % de la Freedom House au chapitre des droits politiques et des libertés civiles, qui le qualifie également de non libre. Il s’agit du score le plus bas jamais obtenu par un pays hôte de la COP depuis les 30 dernières années.

Des experts des Nations unies affirment être très inquiets de la situation. Le pays hôte entretient un profond climat de peur et de surveillance, selon Human Rights Watch alors que près de 60 000 prisonniers politiques croupissent derrière les barreaux des prisons et sont victimes d’actes de torture.

Le 20 octobre, l’activiste Greta Thunberg a même incité ses abonnés sur Twitter à signer une pétition condamnant les abus en Égypte.

Tous les États sont obligés de respecter, promouvoir et protéger les droits de chaque individu sans aucune discrimination, rappelle le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme.

Étudiant au doctorat en science politique à l’Université Laval, mes intérêts de recherche portent sur la transition énergétique, la justice climatique, les politiques climatiques internationales et l’économie verte. Je suis aussi membre étudiant de l’Observatoire des droits de la personne du Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal (CÉRIUM).

Un mauvais signal

Les autorités égyptiennes restreignent l’accès de la société civile, dont les groupes de défenseurs de l’environnement et des droits de la personne, aux activités publiques organisées en marge de la COP27, qui se déroule dans une station balnéaire, loin de la capitale, Le Caire. La rencontre a certes un volet officiel réunissant des délégués de toutes les Parties pour des rondes de négociations, mais aussi un volet public qui réunit des milliers d’acteurs, dont ceux de la société civile.

Une femme en maillot de bain devant la mer, avec un bateau en arrière-plan

La COP27 se déroule dans la station balnéaire de Sharm el-Cheikh, dans le Sinaï, loin de la capitale, Le Caire, ce qui rendra difficile l’accès aux activités publiques organisées en marge de la conférence.
(AP Photo/Ahmed Abd El-Latif, File)

Selon l’ONG Human Rights Watch (HRW), l’Égypte limite considérablement « […] la capacité des groupes environnementaux à réaliser des politiques indépendantes, des activités de plaidoyer et des travaux essentiels à la protection de l’environnement naturel du pays […] ». Ces restrictions violent des droits fondamentaux de la Déclaration universelle des droits de l’Homme des Nations unies, dont celui de réunion, d’association, de pensée et de conscience et de protection des intérêts découlant de toute production scientifique.

Tous ces abus compromettent la capacité de l’Égypte à atteindre ses engagements en matière d’environnement et d’action climatique. Paradoxalement, l’objectif de ce sommet mondial vise à rehausser le niveau d’ambition des Parties et promouvoir la justice climatique. « Faites ce que je dis mais pas ce que je fais » semble être l’orientation que semble suivre l’Égypte jusqu’à maintenant.

Cela envoie un bien mauvais signal aux 198 États parties de la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique (CCNUCC) qui se rendent à Charm el Cheikh. Certains ne sont pas du tout motivés à participer à l’effort climatique mondial. De fait, les violations de l’Égypte contribuent d’une certaine manière à…

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Auteur: Félix Bhérer-Magnan, Étudiant au doctorat en science politique, Université Laval