La Corée du Sud connait l’une des plus graves crise politique de son histoire. Après une tentative ratée de s’accrocher au pouvoir en déclarant la loi martiale, le président Yoon Suk Yeol vient d’être inculpé pour insurrection. Depuis Séoul, Étienne Michelet nous a transmis cette analyse poétique et littéraire des évènements.
L’histoire de Nüwa, je ne la connais pas très bien. Je sais qu’à la suite
d’un déluge, elle se sert d’une tortue, de sa carapace et de ses pattes,
pour réparer la voûte céleste. La tortue lui sert donc à réparer le ciel.
Et puis, elle tue le dragon noir. Son nom vient de la courge ou du
melon. Je préfère penser que c’est le melon.
Nüwa, c’est une femme. Elle se fout du pouvoir, mais elle joue le sort
de l’humanité avec de la boue, ça c’est important, elle joue avec de la
boue et c’est comme un sortilège. Elle crée les humains avec de la
boue.
Le président de Corée du Sud vient d’être destitué. Les jeunes
masculinistes coréens commencent à le soutenir.
Le pouvoir de Nüwa n’est pas un pouvoir comme eux voient le
pouvoir.
Le pouvoir de Nüwa est un pouvoir de production, ou mieux, il est un
pouvoir du don, il est un pouvoir qui s’efface.
Nüwa ne prend pas le visage du tyran. Elle ne prend jamais le visage
de la politique. Jamais vous ne la verrez avec ce visage-là.
Ses lèvres sont fines, ses paroles sont calmes, ses yeux sont noirs.
Vous ne pouvez pas voir le fond de ses yeux.
Nüwa a un frère, Fuxi.
Iels sont deux et ils sont uns. La torsion de leur corps forme un seul
axe, un seul sexe.
On parle de trouble politique, on devrait se poser plus simplement la
question :
quel est votre rapport à l’angoisse ?
Si tu as déjà ressenti l’angoisse profonde dans ta poitrine, alors tu ne
devrais pas jouer avec l’angoisse.
Tu devrais ouvrir les yeux et les fermer, et les rouvrir et les fermer
encore. Ce n’est même pas la peine d’essayer de regarder…
Auteur: dev