Corinne Morel Darleux : « L'alliance précieuse du journalisme indépendant et des romans »

Prenez un des déserts les plus secs que vous puissiez imaginer. La steppe la plus aride de la planète. Les scientifiques y réalisent des simulations de vie en conditions extrêmes, la Nasa y teste ses engins destinés à la planète Mars, les journalistes parlent d’un paysage digne de Star Trek. Et soudain, ce désert se met à fleurir.

Corinne Morel Darleux

Révélée par Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce en 2019, Corinne Morel Darleux poursuit une œuvre éclectique et poétique, entre imaginaire et miroir des luttes sociales et écologistes contemporaines.

Ceci n’est pas le début d’un roman de science-fiction. Ce phénomène prodigieux est bien réel. Il se produit tous les cinq à sept ans dans l’Atacama, entre le Pérou et le Chili, en lien avec la phase chaude du cycle météorologique El Niño. L’équivalent de plusieurs années de précipitations tombe alors en quelques heures sur des graines patiemment enfouies dans le désert. Mais cette année, le réel a rejoint la dystopie. En pleine phase froide de La Niña, l’Atacama a fleuri.

Sans le travail des scientifiques, nous ne saurions rien des mystères de cette floraison. Sans la mise en perspective des journalistes, nous aurions vu passer de jolies photos sans jamais soupçonner leur lien avec le dérèglement climatique. Et les « jardins éphémères » de mon roman Là où le feu et l’ours n’auraient jamais existé : c’est ce prodige du desierto florido qui les a inspirés.

Ce que je veux illustrer avec cette histoire de désert, c’est à quel point la fiction a besoin du travail conjoint des scientifiques et des journalistes, à quel point le réel peut inspirer une littérature pourtant qualifiée d’imaginaire.

On pare parfois les romancier-es d’une capacité d’imagination quasi surnaturelle ; c’est largement usurpé. Pour faire advenir et fourmiller en soi toutes ces fantaisies dont on peuple les romans, il faut d’abord garder les yeux grand ouverts sur le monde. Comme l’écrit l’écrivaine Geneviève Brisac, nous sommes avant tout des éponges qui « se remplissent de tout ce qui les entoure, sentent vivre en elles toutes les vies de la terre » . Et pour que ces éponges se gorgent d’alternatives et d’idées, il nous faut des sources pour les imprégner. basta! en fait partie.

« Journalisme et littérature, ce qui éclaire le présent et ce qui vient muscler l’imaginaire : les deux œuvrent en permanence de concert pour façonner nos perceptions »

La genèse des histoires, mais aussi…

La suite est à lire sur: basta.media
Auteur: Corinne Morel-Darleux